Vu la procédure suivante :
Procédure contentieuse antérieure
Par déféré, la préfète du Puy-de-Dôme a demandé au tribunal administratif de Clermont-Ferrand d'annuler la délibération du 19 juin 2013 par laquelle le comité syndical du syndicat intercommunal d'adduction d'eau potable (SAEP) de la région de Riom, d'une part, a accepté la transformation de la société d'économie mixte pour l'exploitation des réseaux d'eau potable et d'assainissement (SEMERAP) en société publique locale et, d'autre part, en a approuvé les statuts.
Par jugement n° 1301796 du 10 mars 2015, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a rejeté cette demande.
Procédure devant la cour
La cour administrative d'appel de Lyon, après avoir admis l'intervention volontaire de la SEMERAP au soutien des conclusions du SAEP de la région de Riom, a, sur appel formé par la préfète du Puy-de-Dôme, annulé ce jugement et la délibération du 19 juin 2013 par arrêt n° 15LY01312 du 4 octobre 2016, lui-même annulé sur pourvois du SAEP de la région de Riom et de la SEMERAP, par ordonnance n° 405633, 405697 de la présidente de la 3ème chambre de la section du contentieux du Conseil d'État, prise le 12 décembre 2018.
La requête d'appel (outre mémoire complémentaire) du préfet du Puy-de-Dôme a été renvoyée à la cour et réenregistrée le 12 décembre 2018 sous le no 18LY04475. La préfète a présenté trois nouveaux mémoires, enregistrés les 21 janvier 2019, 21 février 2019 et 25 juillet 2019.
Dans le dernier état de ses écritures, la préfète du Puy-de-Dôme demande à la cour d'annuler le jugement n° 1301796 du tribunal administratif de Clermont-Ferrand et d'annuler la délibération du 19 juin 2013 par laquelle le comité syndical du SAEP de la région de Riom a accepté la transformation de la SEMERAP et en a approuvé les statuts.
Elle soutient, dans le dernier état de ses écritures, que :
- le SAEP de la région de Riom, dont les compétences ne correspondent que partiellement aux missions de la SEMERAP, n'a pas vocation à en être actionnaire en vertu des dispositions de l'article L. 1531-1 du code général des collectivités territoriales ;
- la rédaction issue de l'article 1er de la loi n° 2019-463 du 17 mai 2019 ne doit pas se traduire par un détournement de la répartition des compétences entre collectivités.
Par mémoires enregistrés le 20 novembre 2015 (dans l'instance n° 15LY01312) et le 22 juillet 2019 (dans la présente instance), le SAEP de la région de Riom conclut au rejet de la requête et demande à la cour de mettre à la charge de l'État une somme de 2 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Il soutient que le moyen invoqué par le préfet du Puy-de-Dôme n'est pas fondé.
Par mémoires enregistrés le 20 novembre 2015 (dans l'instance initiale n° 15LY01312), le 24 janvier 2019 et le 22 juillet 2019 (dans la présente instance), la SEMERAP intervient au soutien des conclusions du SAEP de la région de Riom et demande à la cour de mettre à la charge de l'État une somme de 2 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Elle soutient, dans le dernier état de ses écritures, que :
- les dispositions de l'article L. 1531-1 du code général des collectivités territoriales, telles qu'interprétées par le Conseil d'État, doivent être écartées au profit des dispositions de l'ordonnance n° 2016-65 du 29 janvier 2016 ;
- la délibération litigieuse est conforme aux dispositions de l'article L. 1531-1 dans leur rédaction issue de l'article 1er de la loi n° 2019-463 du 17 mai 2019, en vigueur à la date du 29 mai 2013 en vertu de l'article 4 de la même loi.
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu :
- le code général des collectivités territoriales ;
- la loi n° 2019-463 du 17 mai 2019 ;
- le code de justice administrative ;
Les parties ayant été régulièrement averties du jour de l'audience ;
Après avoir entendu au cours de l'audience publique :
- le rapport de M. Arbarétaz, président,
- les conclusions de M. Chassagne, rapporteur public,
- les observations de Me B... A... pour le SAEP de la région de Riom et pour la SEMERAP ;
Considérant ce qui suit :
Sur les appels de la préfète du Puy de Dôme :
1. Aux termes de l'article L. 1531-1 du code général des collectivités territoriales dans sa rédaction issue de l'article 1er de la loi du 17 mai 2019 susvisée : " Les collectivités territoriales et leurs groupements peuvent créer, dans le cadre des compétences qui leur sont attribuées par la loi, des sociétés publiques locales dont ils détiennent la totalité du capital. / Ces sociétés sont compétentes pour réaliser des opérations d'aménagement (...), des opérations de construction ou pour exploiter des services publics à caractère industriel ou commercial ou toutes autres activités d'intérêt général Lorsque l'objet de ces sociétés inclut plusieurs activités, celles-ci doivent être complémentaires. La réalisation de cet objet concourt à l'exercice d'au moins une compétence de chacun des actionnaires (...) ", tandis qu'aux termes de l'article 4 de la même loi : " Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée, les dispositions de la présente loi s'appliquent aux sociétés mentionnées aux articles (...) L. 1531-1 du code général des collectivités territoriales (...) constituées antérieurement à sa date de publication ".
2. Il ressort des pièces du dossier, d'une part, que la SEMERAP a été constituée en société publique locale par l'assemblée générale extraordinaire convoquée le 29 juin 2013, antérieurement à la publication de la loi du 17 mai 2019 et, d'autre part, que le jugement du 10 mars 2015, frappé d'un appel recevable, n'a pas acquis force de chose jugée. En conséquence, la légalité de la délibération du 19 juin 2013 doit être examinée au regard des conditions énoncées par l'article L. 1531-1 précité du code général des collectivités territoriales.
3. Les statuts du SAEP de la région de Riom lui attribuent la conception, la réalisation, l'entretien et l'exploitation du réseau d'eau potable implanté sur le territoire des communes membres. Cette mission étant au nombre de celles qui, en vertu de l'article 2 des statuts de la SEMERAP, pourront être confiées à la nouvelle société publique locale, le SAEP partage avec celle-ci cette compétence commune et a pu légalement en devenir actionnaire en vue de lui confier la réalisation de cet objet au sens des dispositions précitées.
4. Il suit de là que la préfète du Puy-de-Dôme n'est pas fondée à se plaindre de ce que, par le jugement attaqué, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a rejeté le déféré qu'elle a présenté contre la délibération du 19 juin 2013 par laquelle le comité syndical du SAEP de la région de Riom a accepté la transformation de la SEMERAP et en a approuvé les statuts. Sa requête doit, en conséquence, être rejetée.
Sur les conclusions tendant à l'application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative :
5. Dans les circonstances de l'espèce, il n'y a pas lieu de faire droit aux conclusions présentées par le SAEP de la région de Riom contre l'État. La SEMERAP, intervenante volontaire, n'ayant pas la qualité de partie au litige, les conclusions qu'elle présente contre l'État doivent être rejetées.
DÉCIDE :
Article 1er : La requête de la préfète du Puy-de-Dôme est rejetée.
Article 2 : Les conclusions présentées par le SAEP de la région de Riom et la SEMERAP au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative sont rejetées.
Article 3 : Le présent arrêt sera notifié à la préfète du Puy-de-Dôme, au syndicat intercommunal d'adduction d'eau potable de la région de Riom et à la société d'exploitation mutualisée pour l'eau, l'environnement, les réseaux, l'assainissement dans l'intérêt du public.
Délibéré après l'audience du 12 décembre 2019, à laquelle siégeaient :
M. Arbarétaz, président de chambre,
M. Seillet, président assesseur,
Mme Burnichon, premier conseiller.
Lu en audience publique le 15 janvier 2020.
N° 18LY04475 2