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10/03/1986 | FRANCE | N°84-92248

France | France, Cour de cassation, Chambre criminelle, 10 mars 1986, 84-92248


ANNULATION PARTIELLE par voie de retranchement et sans renvoi et REJET sur les pourvois formés par :
- X... Jean,
- Y... Alain,
- Z... Michel,
contre un arrêt de la Chambre correctionnelle de la Cour d'appel de Limoges en date du 20 avril 1984 qui, pour infractions à la législation sur les sociétés commerciales, abus de confiance, délits assimilés à la banqueroute simple et à la banqueroute frauduleuse, a condamné X... à 4 ans d'emprisonnement, qui, pour complicité d'abus de confiance et complicité de délit assimilés à la banqueroute frauduleuse a condamné Y...

à 2 ans d'emprisonnement dont un avec sursis, qui, pour infraction à la légi...

ANNULATION PARTIELLE par voie de retranchement et sans renvoi et REJET sur les pourvois formés par :
- X... Jean,
- Y... Alain,
- Z... Michel,
contre un arrêt de la Chambre correctionnelle de la Cour d'appel de Limoges en date du 20 avril 1984 qui, pour infractions à la législation sur les sociétés commerciales, abus de confiance, délits assimilés à la banqueroute simple et à la banqueroute frauduleuse, a condamné X... à 4 ans d'emprisonnement, qui, pour complicité d'abus de confiance et complicité de délit assimilés à la banqueroute frauduleuse a condamné Y... à 2 ans d'emprisonnement dont un avec sursis, qui, pour infraction à la législation sur les sociétés commerciales, délits assimilés à la banqueroute simple et frauduleuse, infractions à la législation sur les chèques et complicité d'abus de confiance a condamné Z... à 2 ans d'emprisonnement et qui a décidé que les trois prévenus seraient tenus solidairement à verser des dommages-intérêts à A... Jean-Marie, partie civile.
LA COUR,
Joignant les pourvois en raison de la connexité ;
Vu les mémoires produits ;
Sur le moyen additionnel de cassation proposé par X... Jean (sans intérêt).
Sur le premier moyen de cassation proposé par Y... Alain (sans intérêt).
Sur le moyen unique de cassation proposé par Z... Michel (sans intérêt).
Sur le deuxième moyen de cassation proposé par Y... Alain (sans intérêt).
Sur le deuxième moyen de cassation proposé par X... Jean (sans intérêt).
Sur le premier moyen de cassation proposé par X... Jean (sans intérêt).
Sur le troisième moyen de cassation proposé par Y... Alain (sans intérêt).
Mais sur le moyen de cassation relevé d'office et pris de l'entrée en vigueur le 1er janvier 1986 de la loi du 25 janvier 1985, notamment en ses articles 196, 197, 209, 238 et 243 en ce qu'ils intéressent les faits qualifiés délits assimilés à la banqueroute simple et frauduleuse ;
Vu lesdits articles ;
Attendu qu'en l'absence d'une disposition contraire expresse, une loi nouvelle qui abroge une incrimination s'applique aux faits commis avant son entrée en vigueur et non encore jugés ;
Attendu que X... Jean, Y... Alain et Z... Michel ont été notamment poursuivis et condamnés pour avoir en qualité de gérants de droit ou de fait d'une S. A. R. L. commis le délit assimilé à la banqueroute frauduleuse par détournement d'actif ou celui de complicité, infraction punie par l'article 133 de la loi du 13 juillet 1967 ; que X... Jean et Z... Michel ont, en outre, en les mêmes qualités, été poursuivis et condamnés pour délit assimilé à la banqueroute simple par détournement de partie de leur patrimoine personnel, délit prévu par l'article 132 de la loi du 13 juillet 1967 ;
Attendu d'une part que si les articles 132 et 133 de la loi du 13 juillet 1967, applicables à l'époque des faits, ont été abrogés à compter du 1er janvier 1986 par les articles 238 et 243 de loi du 25 janvier 1985, il demeure qu'en application des dispositions combinées des articles 197 et 209 de cette dernière loi, le détournemant de l'actif social par un dirigeant social, ou le détournement de ses biens personnels, demeurent punissables ;
Mais attendu d'autre part que X... Jean et Z... Michel ont été, en les mêmes qualités de dirigeants de droit ou de fait de la même société, poursuivis et condamnés pour délit assimilé à la banqueroute simple par omission de déclaration de cessation des paiements de la personne morale dans le délai légal et paiement de créanciers au préjudice de la masse, délits prévus par les alinéas 6 et 3 de l'article 131 de la loi du 13 juillet 1967 ;
Que ce texte a été abrogé à compter du 1er janvier 1986 par l'article 238 susvisé de la loi du 25 janvier 1985, laquelle ne contient aucune incrimination pénale applicable à ces faits ainsi qualifiés ;
Que dès lors, conformément au principe susénoncé, l'arrêt attaqué doit être annulé de ces derniers chefs, les peines prononcées étant toutefois justifiées par les autres délits dont les prévenus ont été à bon droit déclarés coupables ;
Par ces motifs :
ANNULE par voie de simple retranchement et sans renvoi, plus rien ne restant à juger, l'arrêt de la Cour d'appel de Limoges du 20 avril 1984 mais dans ses seules dispositions par lesquelles il a dit X... Jean et Z... Michel coupables de délits assimilés à la banqueroute simple par omission de déclaration de l'état de cessation des paiements de la personne morale dans le délai légal et paiement de créanciers au préjudice de la masse, toutes autres dispositions dudit arrêt tant pénales que civiles étant expressément maintenues ;
REJETTE pour le surplus les pourvois.


Synthèse
Formation : Chambre criminelle
Numéro d'arrêt : 84-92248
Date de la décision : 10/03/1986
Type d'affaire : Criminelle

Analyses

1° LOIS ET REGLEMENTS - Abrogation - Instance en cours - Extinction de l'action publique.

BANQUEROUTE - Banqueroute simple - Délits assimilés à la banqueroute simple - Paiement préférentiel d'un créancier au préjudice de la masse - Abrogation par la loi du 25 janvier 1985 - Instance en cours - Portée - * BANQUEROUTE - Banqueroute simple - Délits assimilés à la banqueroute simple - Tenue d'une comptabilité irrégulière - Abrogation par la loi du 25 janvier 1985 - Instance en cours - Portée.

1°, 2° et 3°) Une loi nouvelle qui abroge une incrimination s'applique aux faits commis avant son entrée en vigueur et non encore définitivement jugés. Tel est le cas de la non-déclaration d'un état de cessation des paiements dans le délai légal, de la tenue d'une comptabilité irrégulière ou incomplète ou du paiement préférentiel d'un créancier, constitutifs du délit de banqueroute simple ou du délit assimilé au sens des articles 128 (3°, 5° et 6°) et 131 (3°, 5° et 6°) de la loi du 13 juillet 1967 qui ont été abrogés, à compter du 1er janvier 1986, par l'article 238 (2°) de la loi du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des entreprises. Les condamnations prononcées de ces chefs et non encore définitives au 1er janvier 1986, comme faisant l'objet d'un pourvoi en cassation, doivent être annulées d'office et sans renvoi - le cas échéant par voie de retranchement seulement, lorsque la peine est justifiée par les autres délits dont le prévenu a été à bon droit déclaré coupable (1).

2° PEINES - Peine justifiée - Cassation - Annulation par voie de retranchement - Pluralité d'infractions - Loi pénale nouvelle - Abrogation d'une partie des infractions - Peine prononcée entrant dans les prévisions des textes en vigueur.

3° CASSATION - Annulation - Annulation par voie de retranchement - Peines - Banqueroute - Banqueroute simple - Abrogation de certaines incriminations - Instance en cours - Portée.

4° LOIS ET REGLEMENTS - Application dans le temps - Lois de forme ou de procédure - Rétroactivité - Poursuites en cours - Banqueroute - Ouverture d'une procédure de redressement judiciaire - Portée.

BANQUEROUTE - Banqueroute frauduleuse - Cas - Détournement d'actif - Loi pénale nouvelle - Application dans le temps de la loi du 25 janvier 1985 - Loi de procédure - Ouverture d'une procédure de redressement judiciaire - Instance en cours - Portée BANQUEROUTE - Banqueroute simple - Délits assimilés à la banqueroute simple - Emploi de moyens ruineux pour se procurer des fonds - Loi pénale nouvelle - Application dans le temps de la loi du 25 janvier 1985 - Loi de procédure - Ouverture d'une procédure de redressement judiciaire - Instance en cours - Portée BANQUEROUTE - Banqueroute simple - Mandataires sociaux - Détournement ou dissimulation du patrimoine personnel - Loi pénale nouvelle - Application dans le temps de la loi du 25 janvier 1985 - Loi de procédure - Ouverture d'une procédure de redressement judiciaire - Instance en cours - Portée.

4° 5° et 6°) En revanche, bien que commis avant le 1er janvier 1986, le détournement d'actif - constitutif du délit de banqueroute frauduleuse ou du délit assimilé - ainsi que l'emploi de moyens ruineux pour se procurer des fonds - constitutif du délit de banqueroute simple ou du délit assimilé - tels qu'ils étaient prévus par les articles 129 (2°), 133 (2°), 127 (3°) et 131 (2°) de la loi du 13 juillet 1967, abrogés par l'article 238 de la loi du 25 janvier 1985, entrent dans les prévisions de l'article 197 de cette dernière loi et demeurent ainsi punissables, dans la limite des peines maximales fixées par l'article 402 nouveau du Code pénal. Il en est de même du délit de détournement de leur patrimoine personnel par des dirigeants sociaux, assimilé à la banqueroute simple par l'article 132 de la loi du 13 juillet 1967 dont les dispositions sont reprises dans l'article 209 de la loi du 25 janvier 1985. En effet, si le nouveau délit de banqueroute, défini par l'article 197 susvisé de la loi du 25 janvier 1985, comme le délit que prévoit son article 209, supposent qu'une procédure de redressement judiciaire ait été ouverte contre le débiteur, il ne s'agit là que d'une condition préalable à l'exercice de l'action publique et d'une règle de procédure sans effet sur les poursuites régulièrement engagées avant son entrée en vigueur (2).

5° ACTION PUBLIQUE - Mise en mouvement - Banqueroute - Délits définis par la loi du 25 janvier 1985 - Condition - Ouverture d'une procédure de redressement judiciaire.

6° PEINES - Peine justifiée - Loi pénale nouvelle - Incrimination ancienne susceptible de tomber sous le coup des dispositions nouvelles - Peine prononcée entrant dans les prévisions des deux textes.


Références :

Code pénal 402
Loi du 13 juillet 1967 128-3, 128-5, 129, 131-3, 131-6 Loi 1985-01-25 3, 197, 197-1, 197-2, 209, 238, 243

Décision attaquée : Cour d'appel de Limoges, 20 avril 1984

(1) A RAPPROCHER : Cour de Cassation, chambre criminelle, 1986-02-03, bulletin criminel 1986 N° 41 p. 97 (annulation sans renvoi). (2) A RAPPROCHER : Cour de Cassation, chambre criminelle, 1971-06-10, bulletin criminel 1971 N° 187 p. 469 (Rejet). Cour de Cassation, chambre criminelle, 1967-05-24, bulletin criminel 1967 N° 162 p. 380 (Cassation partielle).


Publications
Proposition de citation : Cass. Crim., 10 mar. 1986, pourvoi n°84-92248, Bull. crim. criminel 1986 N° 97 p. 247
Publié au bulletin des arrêts de la chambre criminelle criminel 1986 N° 97 p. 247

Composition du Tribunal
Président : Président : M. More, conseiller le plus ancien faisant fonctions -
Avocat général : Avocat général : M. Dontenwille.
Rapporteur ?: Rapporteur : M. Tacchella
Avocat(s) : Avocats : société civile professionnelle Waquet et la société civile professionnelle Riché et Blondel, et M. Delvolvé

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1986:84.92248
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