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07/02/2001 | FRANCE | N°98-19937

France | France, Cour de cassation, Chambre civile 3, 07 février 2001, 98-19937


Sur le premier moyen :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 5 mars 1998), que la société Entreprise Chagnaud (société Chagnaud) ayant sous-traité l'exécution des lots " chauffage, ventilation, climatisation " et " plomberie, sanitaire " dans les travaux de construction et de rénovation d'un immeuble, dont elle était chargée, à la société Paritherm, cette dernière l'a assignée en nullité du sous-traité pour absence de fourniture de la caution exigée par l'article 14 de la loi du 31 décembre 1975 et en indemnisation de son préjudice correspondant au juste prix

de ses prestations déterminé sur la base d'une évaluation à la régie, selo...

Sur le premier moyen :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 5 mars 1998), que la société Entreprise Chagnaud (société Chagnaud) ayant sous-traité l'exécution des lots " chauffage, ventilation, climatisation " et " plomberie, sanitaire " dans les travaux de construction et de rénovation d'un immeuble, dont elle était chargée, à la société Paritherm, cette dernière l'a assignée en nullité du sous-traité pour absence de fourniture de la caution exigée par l'article 14 de la loi du 31 décembre 1975 et en indemnisation de son préjudice correspondant au juste prix de ses prestations déterminé sur la base d'une évaluation à la régie, selon comptes et déboursés affectés d'un coefficient multiplicateur ;

Attendu que la société Chagnaud fait grief à l'arrêt d'accueillir cette demande, alors, selon le moyen :

1° que le caractère solidaire d'une obligation ne s'oppose pas à ce que cette obligation comporte un terme ou une condition à l'égard d'un débiteur, et non de l'autre ; que la stipulation d'un terme ou d'une condition dans les rapports d'une caution solidaire et du créancier, dès lors qu'elle n'a pas pour effet de permettre à la caution d'opposer le bénéfice de division ou de discussion, n'altère pas le caractère solidaire de son obligation ; qu'en l'espèce, les stipulations de l'article 2 de la caution fournie par la société Entreprise Chagnaud ne consistaient pas à permettre à la caution d'opposer le bénéfice de division ou de discussion au sous-traitant ; que la cour d'appel, qui s'est contentée d'affirmer que les obligations mises à la charge du sous-traitant par l'article 2 de l'acte de caution limitaient le choix reconnu au créancier par les dispositions des articles 2021 et 1203 du Code civil, pour en déduire à tort l'absence de solidarité de la caution, quand la seule stipulation d'un terme ou d'une condition ne porte aucunement atteinte au caractère solidaire de l'obligation de caution, a violé les articles 1185, 1201, 1203 et 2021 du Code civil ;

2° que le maître de l'ouvrage peut accepter le sous-traitant à tout moment durant l'exécution du chantier ; que les dispositions de l'article 14-1 de la loi du 31 décembre 1975, qui font obligation au maître de l'ouvrage qui a accepté le sous-traitant de mettre en demeure l'entrepreneur principal de justifier de la fourniture de la caution, n'induisent donc à aucun moment la nécessité que cette caution soit fournie dès l'origine du contrat de sous-traitance ; que la cour d'appel, qui a affirmé le contraire, a violé, par fausse interprétation, l'article 14-1 de la loi du 31 décembre 1975 ;

3° que la nullité du sous-traité, édictée par l'article 14 de la loi du 31 décembre 1975, pour défaut de fourniture par l'entrepreneur principal d'une caution solidaire, est une nullité relative participant d'un ordre public de protection ; qu'une telle nullité étant susceptible de confirmation, il s'en évince nécessairement que l'absence de cautionnement peut être réparée après la conclusion du sous-traité ; qu'ainsi, dès lors que le sous-traitant ne pâtit pas de ce retard, la caution peut être valablement fournie après la conclusion du sous-traité ; que la cour d'appel, qui a cru pouvoir déduire des articles 3, 14, et 14-1 de la loi de 1975 que la caution ne pouvait être fournie qu'à la conclusion du contrat, a violé le texte susvisé ;

Mais attendu qu'ayant constaté l'absence de fourniture d'une caution par la société Chagnaud lors de la conclusion du sous-traité et justement relevé qu'il importait peu qu'un acte de cautionnement ait été obtenu par cette société concomitamment à la délivrance par la société Paritherm de l'assignation en nullité du sous-traité, la cour d'appel a, abstraction faite d'un motif surabondant, exactement retenu que le sous-traité était nul ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

Sur la recevabilité du second moyen, contesté par la défense :

(Publication sans intérêt) ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi.


Synthèse
Formation : Chambre civile 3
Numéro d'arrêt : 98-19937
Date de la décision : 07/02/2001
Sens de l'arrêt : Rejet
Type d'affaire : Civile

Analyses

CONTRAT D'ENTREPRISE - Rapports avec l'entrepreneur principal - Paiement - Garanties obligatoires - Engagement de caution personnelle et solidaire pour l'entrepreneur principal - Absence - Portée .

CONTRAT D'ENTREPRISE - Rapports avec l'entrepreneur principal - Paiement - Garanties obligatoires - Engagement de caution personnelle et solidaire pour l'entrepreneur principal - Moment - Conclusion du sous-traité

CONTRAT D'ENTREPRISE - Sous-traitant - Rapports avec l'entrepreneur principal - Paiement - Garanties obligatoires - Engagement de caution personnelle et solidaire pour l'entrepreneur principal - Absence - Nullité du sous-traité - Régularisation (non)

Ayant constaté l'absence de fourniture d'une caution par l'entrepreneur principal lors de la conclusion du sous-traité, une cour d'appel a exactement retenu que ce sous-traité était nul, peu important qu'un acte de cautionnement ait été obtenu par cet entrepreneur concomitamment à la délivrance de l'assignation en nullité du sous-traité.


Références :

Décision attaquée : Cour d'appel de Versailles, 05 mars 1998

A RAPPROCHER : Chambre civile 3, 1997-03-12, Bulletin 1997, III, n° 55, p. 35 (cassation), et les arrêts cités.


Publications
Proposition de citation : Cass. Civ. 3e, 07 fév. 2001, pourvoi n°98-19937, Bull. civ. 2001 III N° 15 p. 13
Publié au bulletin des arrêts des chambres civiles 2001 III N° 15 p. 13

Composition du Tribunal
Président : Président : M. Beauvois .
Avocat général : Avocat général : M. Guérin.
Rapporteur ?: Rapporteur : Mme Lardet.
Avocat(s) : Avocats : la SCP Gatineau, M. Capron.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:2001:98.19937
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