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24/11/1993 | FRANCE | N°92-10987

France | France, Cour de cassation, Chambre civile 1, 24 novembre 1993, 92-10987


Sur le moyen unique :

Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que la Société de transports et de manutentions Mielly a été chargée par M. Jean Y... de procéder au levage d'un bateau qu'il avait construit, pour le placer sur sa quille ; que l'opération a été effectuée à l'aide d'un camion-grue appartenant à cette société et conduit par son préposé, M. Jean-Pierre X... ; qu'au cours de la manoeuvre, qu'il a lui-même guidée, M. Y... a été blessé, la quille du bateau ayant basculé à la suite de la rupture d'un étai qui s'est dessoudé ; qu'il a assigné l

a société Mielly, le conducteur de la grue, M. Jean-Pierre X... et la Compagnie ...

Sur le moyen unique :

Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que la Société de transports et de manutentions Mielly a été chargée par M. Jean Y... de procéder au levage d'un bateau qu'il avait construit, pour le placer sur sa quille ; que l'opération a été effectuée à l'aide d'un camion-grue appartenant à cette société et conduit par son préposé, M. Jean-Pierre X... ; qu'au cours de la manoeuvre, qu'il a lui-même guidée, M. Y... a été blessé, la quille du bateau ayant basculé à la suite de la rupture d'un étai qui s'est dessoudé ; qu'il a assigné la société Mielly, le conducteur de la grue, M. Jean-Pierre X... et la Compagnie mutuelle parisienne de garantie en réparation de son préjudice ; que l'arrêt attaqué (Lyon, 28 novembre 1991) l'a débouté de sa demande ;

Attendu que M. Y... fait grief à l'arrêt d'avoir ainsi statué, alors, selon le moyen, que le contrat d'entreprise passé pour une opération ponctuelle de manutention ne s'étend pas à la sécurité corporelle de la victime sur le chantier ; qu'en guidant spontanément le préposé de l'entrepreneur, M. Y... ne s'est pas immiscé dans la conduite de la prestation assumée par le loueur d'ouvrage et qu'il n'a donc pas perdu sa qualité de tiers vis-à-vis du gardien de l'engin ; que, créant artificiellement une juxtaposition entre une obligation de résultat de l'entrepreneur à l'égard des biens confiés et une obligation de moyens concernant l'intégrité physique du client du fait de l'aide par lui apportée au conducteur de la grue, l'arrêt, qui décide que la victime de cet engin, resté sous la garde de l'entrepreneur, devait rapporter la preuve d'une faute dans l'exécution du contrat a violé la règle du non-cumul de la responsabilité contractuelle et de la responsabilité délictuelle ;

Mais attendu qu'après avoir relevé que le maniement de l'engin commandé à la société Mielly pouvait se révéler dangereux et provoquer des accidents, la cour d'appel, recherchant la commune intention des parties, a souverainement retenu que cette société avait assumé, outre l'obligation de résultat d'exécuter la prestation convenue, une obligation accessoire de sécurité, de moyens, de veiller à l'intégrité physique du cocontractant dès lors que celui-ci n'était pas passif, mais participait à l'exécution de la convention ; qu'elle en a justement déduit, sans violer les règles du non-cumul des deux ordres de responsabilité, que M. Y... ne pouvait obtenir la réparation de son dommage qu'à charge, pour lui, de rapporter la preuve que la société Mielly avait manqué à cette obligation ; qu'il s'ensuit que le moyen n'est pas fondé ;

Et attendu que le pourvoi revêt un caractère abusif ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi.


Synthèse
Formation : Chambre civile 1
Numéro d'arrêt : 92-10987
Date de la décision : 24/11/1993
Sens de l'arrêt : Rejet
Type d'affaire : Civile

Analyses

RESPONSABILITE CONTRACTUELLE - Non-cumul des deux ordres de responsabilité - Domaine de la responsabilité contractuelle - Dommage résultant de l'inexécution d'une obligation contractuelle - Entreprise - Participation du cocontractant à l'exécution de la convention - Obligation accessoire de sécurité - Manquement - Preuve - Charge .

CONTRAT D'ENTREPRISE - Responsabilité de l'entrepreneur - Non-cumul des deux ordres de responsabilité - Domaine de la responsabilité contractuelle - Participation du maître de l'ouvrage à l'exécution du travail - Obligation accessoire de sécurité - Manquement - Preuve - Charge

De ce qu'elle a souverainement retenu qu'une société avait assumé outre l'obligation de résultat d'exécuter la prestation convenue, une obligation accessoire de sécurité, de moyens, de veiller à l'intégrité physique de son cocontractant, dès lors que celui-ci participait à l'exécution de la convention, une cour d'appel déduit justement, sans violer les règles du non-cumul des deux ordres de responsabilité, que ce cocontractant ne pouvait obtenir la réparation de son dommage qu'à charge de rapporter la preuve que la société avait manqué à cette obligation.


Références :

Décision attaquée : Cour d'appel de Lyon, 28 novembre 1991


Publications
Proposition de citation : Cass. Civ. 1re, 24 nov. 1993, pourvoi n°92-10987, Bull. civ. 1993 I N° 344 p. 238
Publié au bulletin des arrêts des chambres civiles 1993 I N° 344 p. 238

Composition du Tribunal
Président : Président : M. Grégoire, conseiller doyen faisant fonction. .
Avocat général : Avocat général : M. Lesec.
Rapporteur ?: Rapporteur : Mme Gié.
Avocat(s) : Avocats : la SCP Le Bret et Laugier, la SCP Vier et Barthélémy.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1993:92.10987
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