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24/11/1993 | FRANCE | N°91-21114

France | France, Cour de cassation, Chambre civile 1, 24 novembre 1993, 91-21114


Attendu qu'un hélicoptère appartenant à la société française Héli-Fast, assurée par la compagnie allemande Allianz, et piloté par M. Y..., s'est écrasé au sol, le 14 février 1985, à Saint-Gervais-Les-Bains ; que M. X..., transporté gratuitement à bord de l'hélicoptère, a été blessé ;

Sur le premier moyen, pris en ses deux branches :

Attendu que la compagnie Allianz reproche à l'arrêt attaqué (Chambéry, 24 septembre 1991) d'avoir déclaré M. Y... seul responsable des dommages subis par M. X... et sans limitation de réparation, alors, selon le moyen, d'une

part, que cet arrêt n'a pas caractérisé concrètement les éléments établissant la faut...

Attendu qu'un hélicoptère appartenant à la société française Héli-Fast, assurée par la compagnie allemande Allianz, et piloté par M. Y..., s'est écrasé au sol, le 14 février 1985, à Saint-Gervais-Les-Bains ; que M. X..., transporté gratuitement à bord de l'hélicoptère, a été blessé ;

Sur le premier moyen, pris en ses deux branches :

Attendu que la compagnie Allianz reproche à l'arrêt attaqué (Chambéry, 24 septembre 1991) d'avoir déclaré M. Y... seul responsable des dommages subis par M. X... et sans limitation de réparation, alors, selon le moyen, d'une part, que cet arrêt n'a pas caractérisé concrètement les éléments établissant la faute inexcusable du pilote ; alors, d'autre part, qu'il ne s'est pas expliqué sur la faute invoquée par elle contre la victime qui, ayant les mêmes compétences techniques de pilote que M. Y... et ayant assisté à la préparation de l'appareil, a commis, en prenant place à bord, une faute de même nature que celle du pilote ;

Mais attendu, en premier lieu, que la cour d'appel, après avoir relevé que M. Y... ne s'est pas assuré du fonctionnement satisfaisant de l'hélicoptère qui n'avait pas pris l'air depuis 2 jours et avait subi d'abondantes chutes de neige à l'origine de l'arrêt de la turbine, a énoncé que le pilote avait, de ce fait, transgressé les règles élémentaires de sécurité dans la préparation du vol ; qu'elle a ainsi pu décider que cette faute impliquait la conscience de la probabilité d'un dommage en résultant et son acceptation téméraire ;

Attendu, en second lieu, que c'est par une appréciation souveraine que la cour d'appel a estimé que la compagnie Allianz ne rapportait pas la preuve d'une quelconque faute de la victime, l'acceptation prétendue des risques étant, en outre, démentie par les faits ;

Qu'ainsi, le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses branches ;

Sur le second moyen, pris en ses diverses branches :

Attendu, sur la première branche, que, sans préjudice des dispositions de l'article 1er de la loi du 31 décembre 1975 relatives à l'emploi obligatoire de la langue française dans l'étendue et les conditions de garantie d'un service et selon les articles L. 112-3 (anciennement R. 160, alinéa 1er) et L. 111-2 du Code des assurances, les contrats d'assurances souscrits ou exécutés en France, sont impérativement rédigés en français ; qu'aux termes de l'article L. 112-4, du même Code, les clauses édictant des nullités, des déchéances ou des exceptions ne sont valables que si elles sont mentionnées en caractères très apparents ; qu'il résulte de la combinaison de ces textes d'ordre public que c'est à juste titre que la cour d'appel a déclaré inapplicable l'exclusion de garantie invoquée par la compagnie Allianz, qui n'était pas rédigée en français ;

D'où il suit que le moyen, dont les autres branches ne s'attaquent qu'à des motifs surabondants, n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi.


Synthèse
Formation : Chambre civile 1
Numéro d'arrêt : 91-21114
Date de la décision : 24/11/1993
Sens de l'arrêt : Rejet
Type d'affaire : Civile

Analyses

1° TRANSPORTS AERIENS - Voyageurs - Responsabilité - Convention de Varsovie - Transporteur - Faute inexcusable - Définition.

1° TRANSPORTS AERIENS - Pilote - Faute - Transgression des règles élémentaires de sécurité - Faute inexcusable.

1° La cour d'appel qui a énoncé que le pilote avait transgressé les règles élémentaires de sécurité dans la préparation du vol, a pu décider que cette faute impliquait la conscience de la probabilité d'un dommage en résultant et son acceptation téméraire.

2° ASSURANCE (règles générales) - Garantie - Exclusion - Exclusion formelle et limitée - Définition - Clause d'exclusion rédigée en langue étrangère (non).

2° ASSURANCE (règles générales) - Police - Rédaction en langue française - Règle d'ordre public.

2° Les contrats d'assurance souscrits ou exécutés en France, sont impérativement rédigés en français et les clauses édictant des nullités, des déchéances ou des exceptions dans de tels contrats, ne sont valables que si elles sont mentionnées en caractères très apparents. Il en résulte que c'est à juste titre qu'une cour d'appel déclare inapplicable l'exclusion de garantie invoquée par l'assureur qui n'était pas rédigée en français.


Références :

Décision attaquée : Cour d'appel de Chambéry, 24 septembre 1991

A RAPPROCHER : (1°). Chambre civile 1, 1992-02-18, Bulletin 1992, I, n° 61, p. 42 (rejet)

arrêt cité.


Publications
Proposition de citation : Cass. Civ. 1re, 24 nov. 1993, pourvoi n°91-21114, Bull. civ. 1993 I N° 346 p. 239
Publié au bulletin des arrêts des chambres civiles 1993 I N° 346 p. 239

Composition du Tribunal
Président : Président : M. Grégoire, conseiller doyen faisant fonction. .
Avocat général : Avocat général : M. Lesec.
Rapporteur ?: Rapporteur : M. Lemontey.
Avocat(s) : Avocats : la SCP Nicolay et de Lanouvelle, la SCP Matteï-Dawance.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1993:91.21114
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