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28/01/1992 | FRANCE | N°90-11803

France | France, Cour de cassation, Chambre civile 1, 28 janvier 1992, 90-11803


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Attendu que M. X..., de nationalité marocaine, titulaire d'une licence en droit obtenue à l'université de Paris II et d'une maîtrise en droit décernée par l'université de Dakar, est inscrit au tableau de l'Ordre des avocats à la Cour du Sénégal ; qu'il a présenté une demande d'inscription au barreau de Paris en invoquant, d'une part, le protocole franco-marocain du 20 mai 1965 relatif aux professions libérales judiciaires et aux activités d'ordre juridique et, d'autre part, la Convention de coopération franco-sénégalaise du 29 juin 1974 ; que, par arrêté du 25 avril

1989, le Conseil de l'Ordre des avocats au Barreau de Paris a rejeté sa...

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Attendu que M. X..., de nationalité marocaine, titulaire d'une licence en droit obtenue à l'université de Paris II et d'une maîtrise en droit décernée par l'université de Dakar, est inscrit au tableau de l'Ordre des avocats à la Cour du Sénégal ; qu'il a présenté une demande d'inscription au barreau de Paris en invoquant, d'une part, le protocole franco-marocain du 20 mai 1965 relatif aux professions libérales judiciaires et aux activités d'ordre juridique et, d'autre part, la Convention de coopération franco-sénégalaise du 29 juin 1974 ; que, par arrêté du 25 avril 1989, le Conseil de l'Ordre des avocats au Barreau de Paris a rejeté sa demande ; que M. X... a déféré cette décision à la cour d'appel de Paris ; que, par arrêt du 20 décembre 1989, cette cour d'appel a rejeté le recours de M. X... ;

Sur le premier moyen :

Attendu que M. X... reproche à la cour d'appel d'avoir entendu le représentant du Conseil de l'Ordre alors, selon le moyen, que seul le bâtonnier peut, à la demande de la cour d'appel, présenter ses observations de sorte qu'a été violé l'article 15 du décret du 9 juin 1972 ;

Mais attendu que si aux termes de l'article 15 du décret n° 72-468 du 9 juin 1972, la cour d'appel peut appeler le bâtonnier à présenter ses observations, il n'est pas interdit à celui-ci de se faire représenter par un confrère ; d'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

Sur le second moyen, pris en ses trois branches :

Attendu qu'il est encore fait grief à la cour d'appel d'avoir statué comme elle a fait, alors, selon le moyen, d'une part, que M. X..., citoyen marocain, se fondait exclusivement sur les dispositions de l'article 2, alinéa 3, et de l'article 4 du protocole franco-marocain du 20 mai 1965 qui autorisent l'inscription des ressortissants marocains à un barreau français sous la seule réserve de satisfaire aux conditions exigées par la loi française ; que pour rejeter son recours, la cour d'appel n'a pas examiné son argumentation exclusivement fondée sur l'application du protocole franco-marocain et relevé inexactement que M. X... se serait prévalu des conventions franco-sénégalaises du 29 mars 1974, de sorte qu'en statuant ainsi la cour d'appel a modifié les termes du litige en violation de l'article 4 du nouveau Code de procédure civile ; alors, d'autre part, qu'en se fondant exclusivement sur les conventions franco-sénégalaises du 29 mars 1974 dont il n'était pas contesté qu'elles ne permettaient pas l'inscription de M. X... à un barreau français, sans rechercher si les dispositions du protocole franco-marocain du 20 mai 1965 ne soumettaient pas celui-ci, assimilé à un ressortissant français, à la législation française définissant les conditions d'accès à la profession d'avocat, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article 11 de la loi du 31 décembre 1971 et de l'article 44, 7e, du décret du 9 juin 1972 et alors, enfin, que M. X..., inscrit au grand tableau des avocats du Sénégal, Etat lié à la France par une convention de coopération judiciaire, est recevable à se prévaloir de la dérogation de l'article 44, 7e du décret précité qui dispense de la maîtrise en

droit et du certificat d'aptitude à la profession d'avocat les avocats inscrits au barreau d'un Etat lié à la France par un accord de coopération judiciaire ; qu'en décidant cependant que M. X... ne remplissait pas les conditions nécessaires à son inscription au barreau de Paris, la cour d'appel a violé l'article 2, alinéa 3, et 4 du protocole franco-marocain du 20 mai 1965, les articles 11, 2e et 3e, de la loi du 31 décembre 1971 et 44, 7e, du décret du 9 juin 1972 ;

Mais attendu que M. X..., de nationalité marocaine mais inscrit au barreau de Dakar (Sénégal), ne peut invoquer le bénéfice du protocole franco-marocain relatif aux professions libérales judiciaires et aux activités d'ordre juridique du 20 mai 1965, dès lors qu'il n'est pas inscrit dans un barreau du Royaume du Maroc ; que par ces motifs de pur droit, substitués à ceux critiqués par le moyen, l'arrêt attaqué se trouve légalement justifié et que le moyen ne peut être accueilli ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi


Synthèse
Formation : Chambre civile 1
Numéro d'arrêt : 90-11803
Date de la décision : 28/01/1992
Sens de l'arrêt : Rejet
Type d'affaire : Civile

Analyses

1° AVOCAT - Barreau - Inscription au tableau - Refus - Recours devant la cour d'appel - Observations du bâtonnier - Représentation de celui-ci par un confrère - Possibilité.

1° Si, aux termes de l'article 15 du décret n° 72-468 du 9 juin 1972, la cour d'appel peut appeler le bâtonnier à présenter ses observations, il n'est pas interdit à celui-ci de se faire représenter par un confrère.

2° CONVENTIONS INTERNATIONALES - Protocole franco-marocain du 20 mai 1965 - Avocat - Avocat marocain - Inscription à un barreau français - Conditions - Avocat inscrit à un barreau du Royaume du Maroc.

2° AVOCAT - Barreau - Inscription au tableau - Conditions - Protocole franco marocain du 20 mai 1965 - Avocat marocain inscrit à un barreau du Royaume du Maroc.

2° Un avocat, de nationalité marocaine, mais inscrit au barreau de Dakar (Sénégal), ne peut invoquer le bénéfice du protocole franco-marocain relatif aux professions libérales judiciaires et aux activités d'ordre juridique du 20 mai 1965, dès lors qu'il n'est pas inscrit à un barreau du Royaume du Maroc.


Références :

Décret 72-468 du 09 juin 1972 art. 15
Protocole franco-marocain du 20 mai 1965 relatif aux professions libérales judiciaires

Décision attaquée : Cour d'appel de Paris, 20 décembre 1989

A RAPPROCHER : (1°). Chambre civile 1, 1987-03-10 , Bulletin 1987, I, n° 87 (2), p. 64 (cassation partielle sans renvoi)

arrêt cité.


Publications
Proposition de citation : Cass. Civ. 1re, 28 jan. 1992, pourvoi n°90-11803, Bull. civ. 1992 I N° 27 p. 20
Publié au bulletin des arrêts des chambres civiles 1992 I N° 27 p. 20

Composition du Tribunal
Président : Président :M. Jouhaud
Avocat général : Avocat général :Mme Flipo
Rapporteur ?: Rapporteur :M. Viennois
Avocat(s) : Avocats :la SCP Desaché et Gatineau, M. Choucroy.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1992:90.11803
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