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19/02/1991 | FRANCE | N°89-13371

France | France, Cour de cassation, Chambre civile 1, 19 février 1991, 89-13371


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Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que, conformément au contrat de concession passé avec la société France rail publicité, la SNCF a fait implanter le 5 avril 1985 un panneau publicitaire en bordure de la voie ferrée Marseille-Vintimille ; qu'au motif que la présence de ce panneau masquait la vue des occupants de la villa Leda dont elle était propriétaire à Cannes, la société Philippe Froger immobilier a assigné la SNCF en vue d'obtenir sous astreinte l'enlèvement dudit panneau ; que l'arrêt attaqué (Paris, 8 décembre 1988) a accueilli cette demande ;



Sur le premier moyen :

Attendu que la SNCF fait grief à l'arrêt d'av...

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Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que, conformément au contrat de concession passé avec la société France rail publicité, la SNCF a fait implanter le 5 avril 1985 un panneau publicitaire en bordure de la voie ferrée Marseille-Vintimille ; qu'au motif que la présence de ce panneau masquait la vue des occupants de la villa Leda dont elle était propriétaire à Cannes, la société Philippe Froger immobilier a assigné la SNCF en vue d'obtenir sous astreinte l'enlèvement dudit panneau ; que l'arrêt attaqué (Paris, 8 décembre 1988) a accueilli cette demande ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la SNCF fait grief à l'arrêt d'avoir ainsi statué, alors, selon le moyen, que le juge judiciaire n'est en aucun cas compétent pour décider si un immeuble édifié sur le domaine public fait partie de celui-ci ;

Mais attendu que si, selon l'article L. 84 du Code du domaine de l'Etat, les juridictions de l'ordre administratif sont compétentes pour connaître des litiges survenus entre les parties à un contrat comportant occupation du domaine public, il en va autrement lorsque l'action est engagée par un tiers sur le fondement d'une faute délictuelle ou quasidélictuelle ; qu'ayant relevé, tant par motifs propres qu'adoptés, que l'action avait été intentée par la société Philippe Froger immobilier sur un fondement délictuel, que l'exploitation commerciale assurée par le panneau publicitaire était étrangère au trafic ferroviaire, que l'édification de ce panneau n'avait pas entraîné son incorporation au domaine public dont il demeurait dissociable, de telle sorte qu'il ne pouvait être regardé comme un ouvrage public, la cour d'appel a légalement justifié sa décision ;

Qu'il s'ensuit que le premier moyen ne peut être accueilli ;

Sur le second moyen :

Attendu qu'il est également reproché à la cour d'appel d'avoir énoncé que la proximité anormale du panneau était de nature à empêcher la revente de la villa, laquelle devait intervenir dans les 5 ans aux termes de l'acte d'acquisition du 19 mars 1984, alors qu'en se référant à cet acte qui n'avait pas été invoqué dans les conclusions des parties et qui n'avait fait l'objet d'aucune communication régulière, la cour d'appel aurait violé l'article 16 du nouveau Code de procédure civile ;

Mais attendu que les documents, sur lesquels les juges se sont fondés et dont la production n'a donné lieu à aucune contestation, sont réputés, sauf preuve contraire, avoir été régulièrement produits et soumis à la libre discussion des parties ;

D'où il suit que le second moyen n'est pas davantage fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi


Synthèse
Formation : Chambre civile 1
Numéro d'arrêt : 89-13371
Date de la décision : 19/02/1991
Sens de l'arrêt : Rejet
Type d'affaire : Civile

Analyses

1° SEPARATION DES POUVOIRS - Domaine public - Contrat portant occupation de ce domaine - Contestation en découlant - Action engagée par un tiers - Fondement délictuel ou quasidélictuel - Compétence judiciaire.

1° PUBLICITE COMMERCIALE - Affichage - Panneaux - Emplacement - Concession par la SNCF - Panneaux masquant la vue des occupants d'une villa - Compétence judiciaire 1° CHEMIN DE FER - SNCF - Domaine - Convention d'occupation - Contestation en découlant - Action engagée par un tiers - Fondement délictuel ou quasidélictuel - Compétence judiciaire.

1° Si, selon l'article L. 84 du Code du domaine de l'Etat, les juridictions de l'ordre administratif sont compétentes pour connaître des litiges survenus entre les parties à un contrat comportant occupation du domaine public, il en va autrement lorsque l'action est engagée par un tiers sur le fondement d'une faute délictuelle ou quasidélictuelle.

2° PROCEDURE CIVILE - Pièces - Versement aux débats - Présomption de régularité.

2° PROCEDURE CIVILE - Pièces - Communication - Présomption de régularité.

2° Les documents, sur lesquels les juges se sont fondés et dont la production n'a donné lieu à aucune contestation, sont réputés, sauf preuve contraire, avoir été régulièrement produits et soumis à la libre discussion des parties.


Références :

Code du domaine de l'Etat L84

Décision attaquée : Cour d'appel de Paris, 08 décembre 1988

DANS LE MEME SENS : (1°). Chambre civile 1, 1983-01-04 , Bulletin 1983, I, n° 7 (2), p. 5 (rejet). (2°). Chambre civile 2, 1969-12-23 , Bulletin 1969, II, n° 365 (2), p. 273 (rejet), et les arrêts cités ; Chambre sociale, 1989-01-17 , Bulletin 1989, V, n° 32 (2), p. 19 (rejet), et les arrêts cités. A RAPPROCHER : (1°). Chambre civile 1, 1982-05-25 , Bulletin 1982, I, n° 193, p. 168 (rejet)

arrêt cité ; Chambre civile 1, 1984-07-17 , Bulletin 1984, I, n° 232, p. 196 (cassation).


Publications
Proposition de citation : Cass. Civ. 1re, 19 fév. 1991, pourvoi n°89-13371, Bull. civ. 1991 I N° 69 p. 44
Publié au bulletin des arrêts des chambres civiles 1991 I N° 69 p. 44

Composition du Tribunal
Président : Président :M. Massip, conseiller doyen faisant fonction
Avocat général : Avocat général :Mme Flipo
Rapporteur ?: Rapporteur :M. Thierry
Avocat(s) : Avocats :MM. Odent, Choucroy.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1991:89.13371
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