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07/06/2017 | FRANCE | N°408674

France | France, Conseil d'État, 10ème chambre, 07 juin 2017, 408674


Vu la procédure suivante :

M. B...A...a demandé au juge des référés du tribunal administratif de Lyon d'ordonner, sur le fondement des dispositions de l'article L. 521-1 du code de justice administrative, la suspension de l'exécution de la décision de mainlevée de sa mise à l'isolement prise le 13 janvier 2017, jusqu'à ce qu'il soit statué au fond sur la légalité de cette décision et d'enjoindre à l'administration pénitentiaire de le replacer en quartier d'isolement.

Par une ordonnance n° 1700237 du 24 janvier 2017, le juge des référés du tribunal administrat

if de Lyon a rejeté sa demande.

Par un pourvoi et un mémoire complémentaire, ...

Vu la procédure suivante :

M. B...A...a demandé au juge des référés du tribunal administratif de Lyon d'ordonner, sur le fondement des dispositions de l'article L. 521-1 du code de justice administrative, la suspension de l'exécution de la décision de mainlevée de sa mise à l'isolement prise le 13 janvier 2017, jusqu'à ce qu'il soit statué au fond sur la légalité de cette décision et d'enjoindre à l'administration pénitentiaire de le replacer en quartier d'isolement.

Par une ordonnance n° 1700237 du 24 janvier 2017, le juge des référés du tribunal administratif de Lyon a rejeté sa demande.

Par un pourvoi et un mémoire complémentaire, enregistrés les 6 mars 2017 et 21 mars 2017 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, M. A...demande au Conseil d'Etat :

1°) d'annuler cette ordonnance ;

2°) statuant en référé, de faire droit à sa demande ;

3°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 3 000 euros à verser à la SCP Nicolas Boullez, avocat de M.A..., au titre des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative et de l'article 37 de la loi du 10 juillet 1991.

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu :

- le code de procédure pénale ;

- la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 ;

- le code de justice administrative ;

Après avoir entendu en séance publique :

- le rapport de Mme Isabelle Lemesle, conseiller d'Etat,

- les conclusions de Mme Aurélie Bretonneau, rapporteur public ;

La parole ayant été donnée, avant et après les conclusions, à la SCP Boullez, avocat de M. B...A...;

Considérant ce qui suit :

1. Il ressort des pièces du dossier soumis au juge des référés que M. A...a été condamné à une peine de huit années de réclusion criminelle et a demandé, en application de des articles 726-1 et R. 57-7-70 du code de procédure pénale à être placé à l'isolement, en raison notamment du risque pour sa sécurité que le motif de sa condamnation était susceptible de lui faire courir. Après plusieurs décisions faisant droit à sa demande, l'administration a décidé, le 13 janvier 2017, la mainlevée de la mise à l'isolement. M. A...se pourvoit en cassation contre l'ordonnance du 24 janvier 2017 par laquelle le juge des référés du tribunal administratif de Lyon a rejeté, pour défaut d'urgence, sa demande de suspension de l'exécution de cette décision, présentée sur le fondement de l'article L. 521-1 du code de justice administrative.

2. L'urgence justifie que soit prononcée la suspension d'un acte administratif lorsque l'exécution de celui-ci porte atteinte, de manière suffisamment grave et immédiate, à un intérêt public, à la situation du requérant ou aux intérêts qu'il entend défendre. Il appartient au juge des référés d'apprécier objectivement et concrètement, compte tenu des justifications fournies par le requérant et de l'ensemble des circonstances de chaque espèce, si les effets de l'acte litigieux sont de nature à caractériser une urgence justifiant que, sans attendre le jugement de la requête au fond, l'exécution de la décision soit suspendue. En retenant, au vu des éléments du dossier qui lui étaient soumis, que le demandeur ne caractérisait pas l'existence d'une situation d'urgence, en particulier dès lors que le maintien en quartier d'isolement n'apparaissait plus comme le seul et unique moyen d'assurer sa sécurité et son intégrité physique, le juge des référés du tribunal administratif de Lyon n'a pas entaché son ordonnance de dénaturation.

3. Dès lors qu'il a rejeté la demande de suspension pour défaut d'urgence, le juge des référés n'a pas commis d'erreur de droit en se bornant à relever qu'en l'état de l'instruction, il n'était pas certain que la décision litigieuse ait été formalisée.

4. Il résulte de ce qui précède que M. A...n'est pas fondé à demander l'annulation de l'ordonnance qu'il attaque. Son pourvoi doit donc être rejeté y compris les conclusions présentées au titre des articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991.

D E C I D E :

--------------

Article 1er : Le pourvoi de M. A...est rejeté.

Article 2 : La présente décision sera notifiée à M. B...A...et au ministre d'Etat, garde des sceaux, ministre de la justice.


Synthèse
Formation : 10ème chambre
Numéro d'arrêt : 408674
Date de la décision : 07/06/2017
Type d'affaire : Administrative
Type de recours : Excès de pouvoir

Analyses

JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES ET JUDICIAIRES - EXÉCUTION DES JUGEMENTS - EXÉCUTION DES PEINES - SERVICE PUBLIC PÉNITENTIAIRE - DÉCISION METTANT FIN À LA MESURE DE MISE À L'ISOLEMENT D'UN DÉTENU PRISE À SA DEMANDE - 1) RÉGIME CONTENTIEUX - MESURE SUSCEPTIBLE DE RECOURS POUR EXCÈS DE POUVOIR - INCLUSION (SOL - IMPL - ) - 2) INTÉRÊT POUR AGIR DU DÉTENU - EXISTENCE (SOL - IMPL).

37-05-02-01 1) Une décision de mainlevée de la mise à l'isolement d'un détenu est susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir dès lors que cette mesure de mise à l'isolement a été prise à sa demande.... ,,2) Ce détenu a intérêt pour agir contre cette décision de mainlevée.

PROCÉDURE - INTRODUCTION DE L'INSTANCE - DÉCISIONS POUVANT OU NON FAIRE L'OBJET D'UN RECOURS - ACTES CONSTITUANT DES DÉCISIONS SUSCEPTIBLES DE RECOURS - DÉCISION METTANT FIN À LA MESURE DE MISE À L'ISOLEMENT D'UN DÉTENU PRISE À SA DEMANDE (SOL - IMPL - ).

54-01-01-01 Une décision de mainlevée de la mise à l'isolement d'un détenu est susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir dès lors que cette mesure de mise à l'isolement a été prise à sa demande.

PROCÉDURE - INTRODUCTION DE L'INSTANCE - INTÉRÊT POUR AGIR - EXISTENCE D'UN INTÉRÊT - DÉTENU CONTESTANT LA MAINLEVÉE D'UNE MESURE DE MISE À L'ISOLEMENT PRISE À SA DEMANDE (SOL - IMPL - ).

54-01-04-02 Un détenu a intérêt pour agir contre la décision de mainlevée de sa mise à l'isolement dès lors que cette mesure a été prise à sa demande.


Publications
Proposition de citation : CE, 07 jui. 2017, n° 408674
Mentionné aux tables du recueil Lebon

Composition du Tribunal
Rapporteur ?: Mme Isabelle Lemesle
Rapporteur public ?: Mme Aurélie Bretonneau
Avocat(s) : SCP BOULLEZ

Origine de la décision
Date de l'import : 20/06/2017
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CE:2017:408674.20170607
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