Vu la requête enregistrée le 20 décembre 1996 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée par la COMMISSION NATIONALE DES COMPTES DE CAMPAGNE ET DES FINANCEMENTS POLITIQUES ; la COMMISSION NATIONALE DES COMPTES DE CAMPAGNE ET DES FINANCEMENTS POLITIQUES demande au Conseil d'Etat d annuler le jugement du 3 décembre 1996, par lequel le tribunal administratif de Papeete, qu'elle avait saisi en application de l article L. 52-15 du code électoral, à la suite des opérations électorales qui se sont déroulées le 12 mai 1996 en Polynésie française pour le renouvellement de l assemblée territoriale, a décidé qu il n y avait pas lieu de déclarer M. Théodore X... inéligible aux fonctions de conseiller territorial ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la loi n° 52-1175 du 21 octobre 1952, modifiée, notamment, par la loi n° 85-1337 du 18 décembre 1985 ;
Vu le code électoral ;
Vu le code des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel ;
Vu l'ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 du 30 septembre 1953 et la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 ;
Après avoir entendu en audience publique :
- le rapport de M. Gounin, Auditeur,
- les conclusions de Mme Denis-Linton, Commissaire du gouvernement ;
Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête :
Considérant qu aux termes de l article L. 52-12 du code électoral : Dans les deux mois qui suivent le tour de scrutin où l élection a été acquise, chaque ... candidat tête de liste présent au premier tour dépose à la préfecture son compte de campagne et ses annexes, présentés par un membre de l ordre des experts-comptables et des comptables agréés ... ; qu aux termes de l article L. 52-15 du même code : Lorsque la commission a constaté que le compte de campagne n a pas été déposé dans le délai prescrit, si le compte a été rejeté ... la commission saisit le juge de l élection ; qu'aux termes du premier alinéa de l'article L. 118-3 du code électoral, dans sa rédaction issue de la loi n° 96-300 du 10 avril 1996 : "Saisi par la commission instituée par l'article L. 52-14, le juge de l'élection peut déclarer inéligible pendant un an le candidat dont le compte de campagne, le cas échéant après réformation, fait apparaître un dépassement du plafond des dépenses électorales" ; que le second alinéa de cet article dispose que : "Dans les autres cas, le juge de l'élection peut ne pas prononcer l'inéligibilité du candidat dont la bonne foi est établie, ou relever le candidat de cette inéligibilité" ; que ces dernières dispositions, ainsi qu'il résulte de l'article 4 de la loi du 10 avril 1996, sont, contrairement à ce que soutient le ministre délégué à l'outre-mer, applicables à l'élection des conseillers territoriaux de la Polynésie française ; qu enfin, selon l article L. 234 du code électoral qui est, lui aussi, applicable à cette élection : "Peut être déclaré inéligible pendant un an celui ... dont le compte de campagne a été rejeté à bon droit. ;
Considérant qu'en méconnaissance des dispositions précitées de l article L. 5212, alinéa 2, du code électoral, M. X... n a pas présenté son compte de campagne par l intermédiaire d un expert-comptable ; que la présentation du compte de campagne par un expert-comptable constitue une formalité substantielle à laquelle il ne peut être dérogé, quelle que soit l importance des dépenses engagées en vue de l élection ou les sources de financement de celles-ci ; que, dans ces conditions, et en l'absence de toute ambiguïté de la portée de la règle qu'il a méconnue, M. X..., dont la bonne foi n'est pas établie, n est pas fondé à se prévaloir des dispositions de l article L. 118-3 du code électoral, dans sa rédaction issue de la loi du 10 avril 1996 ; qu il y a lieu de le déclarer inéligible en qualité de conseiller territorial pendant une période d un an à compter de la date de la présente décision ;
Considérant qu il résulte de ce qui précède que la COMMISSION NATIONALE DES COMPTES DE CAMPAGNE ET DES FINANCEMENTS POLITIQUES est fondée à soutenir que c est à tort que, par le jugement attaqué, le tribunal administratif de Papeete a décidé qu il n y avait pas lieu de déclarer M. X... inéligible aux fonctions de conseiller territorial ;
Article 1er : Le jugement du tribunal administratif de Papeete du 3 décembre 1996 est annulé.
Article 2 : M. X... est déclaré inéligible aux fonctions de conseiller territorial pour une période d un an à compter de la date de la présente décision.
Article 3 : La présente décision sera notifiée à la COMMISSION NATIONALE DES COMPTES DE CAMPAGNE ET DES FINANCEMENTS POLITIQUES, à M. Théodore X... et au ministre de l'intérieur.