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10/10/2019 | FRANCE | N°18-18331

France | France, Cour de cassation, Chambre civile 2, 10 octobre 2019, 18-18331


LA COUR DE CASSATION, DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Attendu, selon l'arrêt attaqué ( Aix-en-Provence, 13 avril 2018), que M. C... a formé opposition à une contrainte décernée, le 25 novembre 2014, par la caisse du régime social des indépendants d'Auvergne, aux droits de laquelle vient la caisse du régime social des indépendants de Côte d'Azur, devenue la caisse locale déléguée pour la sécurité sociale des indépendants, et signifiée à domicile, le 10 décembre 2014, en contestant la régularité de la contrainte et de sa signification ;

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ur le moyen unique, pris en ses deux dernières branches :

Attendu que M. C... fait...

LA COUR DE CASSATION, DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Attendu, selon l'arrêt attaqué ( Aix-en-Provence, 13 avril 2018), que M. C... a formé opposition à une contrainte décernée, le 25 novembre 2014, par la caisse du régime social des indépendants d'Auvergne, aux droits de laquelle vient la caisse du régime social des indépendants de Côte d'Azur, devenue la caisse locale déléguée pour la sécurité sociale des indépendants, et signifiée à domicile, le 10 décembre 2014, en contestant la régularité de la contrainte et de sa signification ;

Sur le moyen unique, pris en ses deux dernières branches :

Attendu que M. C... fait grief à l'arrêt de déclarer irrecevable son opposition et de valider la contrainte litigieuse, alors, selon le moyen :

1°/ que la signification doit être faite à personne ; que, si elle est impossible, l'huissier de justice doit relater dans l'acte les diligences qu'il a accomplies pour effectuer la signification à la personne de son destinataire et les circonstances caractérisant l'impossibilité d'une telle signification ; qu'en déclarant irrecevable l'opposition de M. C... à la contrainte signifiée le 10 décembre 2014 sans rechercher, comme cela lui était demandé, si l'acte de signification faisait mention des diligences que l'huissier de justice avait faites pour tenter de signifier à personne, la cour d'appel a entaché sa décision d'un défaut de base légale au regard des articles 654 et 655 du code de procédure civile ;

2°/ que la signification doit obligatoirement être effectuée à personne quand elle est accomplie en un lieu autre que le domicile du destinataire ; qu'en décidant que la signification de la contrainte avait été régulièrement délivrée sur le lieu de travail de l'appelant en son absence, la cour d'appel a violé les articles 653, 655, 656, 689 et 693 du code de procédure civile ;

Mais attendu que l'arrêt constate que l'huissier de justice avait mentionné dans l'acte qu'il s'était présenté à l'adresse figurant à la contrainte ; qu'il y avait vérifié la certitude du domicile du destinataire par la présence de l'enseigne commerciale en façade et qu'en raison de l'absence du destinataire et personne n'étant susceptible de recevoir la copie de l'acte, il avait procédé à la signification conformément aux dispositions des articles 656 et 658 du code de procédure civile ; qu'il relève, par motifs propres, que l'adresse de son domicile personnel aux [...] n'avait jamais été indiquée par M. C... dans aucune correspondance adressée à la caisse et, par motifs adoptés, que celui-ci se domiciliait, lui-même, à l'adresse de son activité de restaurant dans plusieurs documents, versés par lui, y compris dans le courrier par lequel il avait formé opposition à la contrainte ;

Que par ces seuls motifs, caractérisant l'impossibilité de signifier la contrainte à la personne de son destinataire à la seule adresse connue de la caisse, la cour d'appel a légalement justifié sa décision ;

Et sur le même moyen, pris en sa première branche :

Attendu que M. C... fait le même grief à l'arrêt, alors, selon le moyen, que les juges du fond ne peuvent dénaturer les termes clairs et non équivoques des écrits qui leur sont soumis ; qu'en l'espèce, M. C... soutenait, dans ses conclusions oralement soutenues à l'audience, l'irrégularité formelle de la contrainte signée par M. Q..., non directeur, en l'absence de délégation régulière ; qu'en affirmant que M. C... ne remettait pas en cause la régularité formelle de la contrainte, la cour d'appel a dénaturé ces écritures et violé l'article 4 du code de procédure civile ;

Mais attendu que l'opposition de M. C... à la contrainte décernée à son encontre étant déclarée irrecevable comme tardive, la cour d'appel n'était pas tenue d'examiner les moyens tirés de l'irrégularité de la contrainte ;

D'où il suit que le moyen est inopérant ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne M. C... aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette la demande de M. C... ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, deuxième chambre civile, et prononcé par le président en son audience publique du dix octobre deux mille dix-neuf.

MOYEN ANNEXE au présent arrêt :

Moyen produit par la SCP L. Poulet-Odent, avocat aux Conseils, pour M. C...

Le moyen fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir confirmé le jugement en ce qu'il avait déclaré irrecevable l'opposition formée par M. C... et, en conséquence, validé la contrainte du 25 novembre 2014 au titre de cotisations personnelles du 4ème trimestre 2010, des 1er, 2ème, 3ème et 4ème trimestres 2011, du 1er trimestre 2012 pour un montant total de 76 667 euros comprenant une majoration de 4 542 euros ;

AUX MOTIFS PROPRES QUE « W... C... fait grief au jugement de l'avoir déclaré irrecevable en son opposition pour expiration du délai dont il disposait pour saisir le tribunal des affaires de sécurité sociale alors que la signification de la contrainte a été irrégulièrement réalisée, puisque l'huissier n'a pas relaté les diligences qu'il a accomplies pour rechercher le destinataire de l'acte, qu'il n'a pas été touché par la signification et n'a pas pu faire valoir ses droits, qu'il ressort des modalités de remise de l'acte qu'il aurait été absent de son domicile et qu'il serait domicilié à l'adresse litigieuse [...], alors que l'huissier est intervenu sur son lieu de travail qui est un restaurant et qu'il est surprenant que l'huissier ait trouvé cet établissement fermé lors de son intervention, sans qu'aucun membre du personnel ne puisse recueillir la copie de l'acte de signification, et que l'huissier aurait dû se rendre à son domicile personnel qui est situé [...] et que son restaurant est [...] et non pas [...] ainsi que mentionné à tort par l'huissier ; L'intimé conclut au caractère infondé de ces prétentions ; Il convient d'observer que W... C... ne remet pas en cause la régularité formelle de la contrainte mais seulement sa signification du chef de laquelle il soutient qu'elle a été irrégulièrement réalisée et n'a pas pu faire courir le délai de 15 jours dont il disposait pour former opposition ; La contrainte émise le 25 novembre 2014 a été précédée d'une mise en demeure parfaitement explicite des poursuites à intervenir qui a été régulièrement remise à son destinataire W... C... demeurant [...], lequel a signé l'accusé de réception ; Lors de la signification de la contrainte par huissier le 10 décembre 2014, celui-ci s'est présenté à l'adresse figurant à la contrainte [...] et a constaté la certitude du domicile du destinataire par la présence de l'enseigne commerciale en façade et en raison de l'absence du destinataire et personne n'étant susceptible de recevoir la copie de l'acte, il a procédé à la signification conformément aux dispositions des articles 656 et 658 du code de procédure civile ; L' huissier n'avait pas à se rendre au domicile personnel de W... C... aux [...] dès lors que ce domicile n'avait jamais été indiqué par W... C... dans aucune correspondance adressée par lui à la Caisse RSI ; Il résulte de l'extrait Kbis que l'activité de la Sarl Le Pointu se déroule au lieu de son établissement [...] ; La mention de l'établissement [...] est indifférente dès lors que l'huissier instrumentaire a constaté la présence de l'enseigne commerciale en façade ; de la même manière l'opposition à contrainte envoyée par W... C... en recommandé au secrétariat du tribunal des affaires de sécurité sociale le 10 février 2015 mentionne expressément son adresse à [...] ; Les contestations portées par W... C... à l'encontre des mentions figurant à l'acte de signification relèvent d'une procédure en contestation de faux que celui-ci ne soutient pas ; Il est constant, dès lors que la signification de la contrainte a été régulièrement réalisée ainsi que l'a à bon droit constaté le jugement déféré, qu'en formant opposition à la contrainte signifiée le 10 décembre 2014 pour une opposition reçue le 10 février 2015, W... C... était nécessairement forclos en sa demande ; Le jugement en ce qu'il a déclaré W... C... irrecevable en son opposition sera dès lors confirmé » ;

AUX MOTIFS ÉVENTUELLEMENT ADOPTÉS QU'« en application de l'article R. 133-3 du code de la sécurité sociale, la contrainte mentionnée à l'article L. 244-9 du même code est signifiée au débiteur par acte d'huissier de justice ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception. À peine de nullité, l'acte d'huissier ou la notification mentionne la référence de la contrainte et son montant, le délai dans lequel l'opposition doit être formée, l'adresse du tribunal compétent et les formes requises pour sa saisine. Le débiteur peut former opposition par inscription au secrétariat du tribunal compétent dans le ressort duquel il est domicilié ou pour les débiteurs domiciliés à l'étranger, au secrétariat du tribunal compétent dans le ressort de l'organisme créancier par lettre recommandée avec demande d'avis de réception adressée au secrétariat dudit tribunal dans les quinze jours à compter de la notification ou de la signification. En l'espèce, il est constant que la contrainte a été signifiée à M. C... W... par exploit d'huissier en date du 10 décembre 2014 et que l'intéressé a formé opposition le 10 février 2015 ainsi que le révèle le cachet du bureau de poste émetteur, soit au-delà du délai de quinze jours. Pour soutenir que son opposition n'est pas forclose, M. C... W... fait valoir que l'acte de signification serait nul, empêchant ainsi le cours du délai de quinzaine. Or, le tribunal de céans est en mesure de vérifier que l'acte de signification délivré par la SCP X... H... – U... O... – Z... E..., huissiers de justice le 10 décembre 2014 mentionne expressément la contrainte concernée en précisant son auteur, sa date, la période de référence des cotisations litigieuses, le montant de ces cotisations en principal et en majorations. Il indique également de façon claire la forme du recours ouvert au débiteur, l'adresse du tribunal des affaires de sécurité sociale du Var et les modalités de l'opposition. Le fait que l'acte d'huissier mentionne « [...] » au lieu de « [...] » n'est pas de nature à générer la moindre ambiguïté ou confusion sur la localisation dudit restaurant, d'autant que l'huissier indique avoir vérifié le nom de l'enseigne. Par ailleurs, il est constant que lorsque la contrainte est signifiée par acte d'huissier de justice, le délai de quinze jours part de la date de signification, peu important qu'elle ait été faite à la personne du débiteur ou à son domicile. Il suffit d'un domicile notoirement connu et utilisable. En l'espèce, M. C... W..., qui exerçait en qualité de commerçant pour une activité de restaurant traditionnelle, a bien été domicilié au « [...] », lieu de la signification de la contrainte litigieuse ; plusieurs documents, y compris versés par lui, en attestent, notamment l'opposition à contrainte envoyée en recommandée par lui le 10 février 2015 au secrétariat du TASS du Var, l'extrait du répertoire Ellipro. Ainsi, M. C... W... ne peut pas sérieusement soutenir que les modalités de signification de la contrainte, en date du 24 novembre 2014, laquelle a été diligentée à l'adresse « [...] » n'a jamais correspondu à son domicile ou à sa résidence située au [...] ». Enfin, le fait que l'acte de signification de la contrainte mentionne « un avis de passage daté a été laissé ce jour au domicile conformément à l'article 656 du CPC et la lettre prévue par l'article 658 du CPC comportant les mêmes mentions que l'avis de passage et rappelant les dispositions du dernier alinéa de l'article 656 du CPC a été adressé au destinataire avec copie de l'acte de signification dans les délais légaux » suffit, cette mention fait foi jusqu'à inscription de faux de l'accomplissement effectif de cette diligence. En outre, en tant que besoin, il sera rappelé qu'aucun texte n'exige, pour la régularité d'une signification faite à domicile, la justification que cet avis de passage et la lettre simple visée à l'article 658 du code de procédure civile soient parvenues effectivement au destinataire. Dans ces circonstances, il convient de rejeter les moyens tirés de la nullité de l'acte de signification de la contrainte litigieuse. En conséquence, et sans qu'il soit nécessaire d'examiner les autres moyens, il y a lieu de constater que M. C... W... est forclos dans son opposition » ;

1° ALORS QUE les juges du fond ne peuvent dénaturer les termes clairs et non équivoques des écrits qui leur sont soumis ; qu'en l'espèce, M. C..., soutenait, dans ses conclusions oralement soutenues à l'audience, l'irrégularité formelle de la contrainte signée par M. R... Q..., non directeur, en l'absence de délégation régulière (conclusions d'appel, p. 12, production n° 2) ; qu'en affirmant que M. C... ne remettait pas en cause la régularité formelle de la contrainte, la cour d'appel a dénaturé ces écritures et violé l'article 4 du code de procédure civile ;

2° ALORS QUE la signification doit être faite à personne ; que, si elle est impossible, l'huissier de justice doit relater dans l'acte les diligences qu'il a accomplies pour effectuer la signification à la personne de son destinataire et les circonstances caractérisant l'impossibilité d'une telle signification ; qu'en déclarant irrecevable l'opposition de M. C... à la contrainte signifiée le 10 décembre 2014 sans rechercher, comme cela lui était demandé (conclusions d'appel de l'exposant, p. 9 et s.), si l'acte de signification faisait mention des diligences que l'huissier de justice avait faites pour tenter de signifier à personne, la cour d'appel a entaché sa décision d'un défaut de base légale au regard des articles 654 et 655 du code de procédure civile ;

3° ALORS QUE la signification doit obligatoirement être effectuée à personne quand elle est accomplie en un lieu autre que le domicile du destinataire ; qu'en décidant que la signification de la contrainte avait été régulièrement délivrée sur le lieu de travail de l'appelant en son absence, la cour d'appel a violé les articles 653, 655, 656, 689 et 693 du code de procédure civile.


Synthèse
Formation : Chambre civile 2
Numéro d'arrêt : 18-18331
Date de la décision : 10/10/2019
Sens de l'arrêt : Rejet
Type d'affaire : Civile

Références :

Décision attaquée : Cour d'appel d'Aix-en-Provence, 13 avril 2018


Publications
Proposition de citation : Cass. Civ. 2e, 10 oct. 2019, pourvoi n°18-18331


Composition du Tribunal
Président : M. Prétot (conseiller doyen faisant fonction de président)
Avocat(s) : SCP L. Poulet-Odent

Origine de la décision
Date de l'import : 15/09/2022
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:2019:18.18331
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