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09/03/2006 | FRANCE | N°04-30220

France | France, Cour de cassation, Chambre civile 2, 09 mars 2006, 04-30220


AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, DEUXIEME CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Sur le moyen unique

Attendu que, selon l'arrêt attaqué (Besançon, 3 février 2004) la société Exapaq Franche Comté (la société), commissionnaire de transport faisant appel à des transporteurs sous traitants, affiliés au régime d'assurance maladie et d'assurance vieillesse des travailleurs indépendants, a fait l'objet le 31 mars 1998 d'un contrôle de la Direction du travail et des transports qui a mis en évidence que certains sous traitants travaillaient dans un

lien de subordination ; qu' à la suite de ce contrôle, l'URSSAF a notifié à la s...

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, DEUXIEME CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Sur le moyen unique

Attendu que, selon l'arrêt attaqué (Besançon, 3 février 2004) la société Exapaq Franche Comté (la société), commissionnaire de transport faisant appel à des transporteurs sous traitants, affiliés au régime d'assurance maladie et d'assurance vieillesse des travailleurs indépendants, a fait l'objet le 31 mars 1998 d'un contrôle de la Direction du travail et des transports qui a mis en évidence que certains sous traitants travaillaient dans un lien de subordination ; qu' à la suite de ce contrôle, l'URSSAF a notifié à la société, le 5 novembre 1998, une mise en demeure de payer les cotisations afférentes à la période comprise entre le 1er octobre 1995 et le 30 juin 1998 ; que la cour d'appel a débouté l'URSSAF de ses demandes ;

Attendu que l'URSSAF fait grief à l'arrêt d'avoir dit qu'elle ne pouvait recouvrer les cotisations pour la période antérieure à la requalification des contrats de sous-traitance en emplois salariés mentionnés dans la mise en demeure du 5 novembre 1998, alors selon le moyen :

1 ) qu'une disposition législative ou réglementaire qui consacre un principe nouveau ne peut s'appliquer aux situations et rapports juridiques formés avant sa promulgation que pour autant qu'il n'en résulte pas de lésion des droits acquis ; que s'agissant des rédactions successives de l'article L. 120-3 du Code du travail, telles qu'issues des lois n° 97-210 du 11 mars 1997 et n° 2003-721 du 1er août 2003, en ce qui concerne le paiement des cotisations afférentes aux travailleurs faisant l'objet de délit de travail dissimulé, le droit à perception de ces cotisations par l'U.R.S.S.A.F était acquis au plus tard lors de la reconnaissance par la cour d'appel du délit de travail dissimulé, qu'en déniant l'existence d'un droit acquis et en retenant comme loi applicable l'article L. 120-3 du Code du travail dans sa rédaction en vigueur au moment où elle se prononçait, la cour d'appel a violé l'article 2 du Code civil et l'article L. 120-3 du Code du travail issue de la loi du 11 mars 1997 ;

2 ) que le principe d'application immédiate de la loi pénale plus douce ne peut concerner que les dispositions pénales ; qu'en l'étendant au delà de ce champ, au prétexte que les cotisations réclamées s'analyseraient comme une sanction administrative, la cour d'appel a violé tant l'article 112-1 du Code pénal que l'article L. 120-3 du Code du travail dans sa rédaction issue de la loi du 12 mars 1997 ;

Mais attendu que la cour d'appel après avoir rappelé la teneur de la loi nouvelle du 1er août 2003 et des dispositions abrogées de l'article L. 120-3 du Code du travail, dans sa rédaction issue de la loi du 11 mars 1997, a relevé que le paiement du rappel de cotisations, avec application de majorations et de pénalités, constituait une sanction ayant pour objet de pénaliser le travail dissimulé dès lors qu'il ne s'agissait pas de régulariser la situation du salarié ayant pour la période expirée, déjà cotisé dans un régime indépendant ;

Qu'elle en a, dès lors, exactement déduit que la loi nouvelle du 1er août 2003, plus douce, étant immédiatement applicable, le recouvrement des cotisations dues par l'employeur, n'était possible que pour la période postérieure à la requalification des emplois ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne l'URSSAF de Besançon aux dépens ;

Vu l'article 700 du nouveau Code de procédure civile, rejette la demande de la société Exapaq Franche Comté ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de Cassation, Deuxième chambre civile, et prononcé par le président en son audience publique du neuf mars deux mille six.


Synthèse
Formation : Chambre civile 2
Numéro d'arrêt : 04-30220
Date de la décision : 09/03/2006
Sens de l'arrêt : Rejet
Type d'affaire : Civile

Analyses

SECURITE SOCIALE - Cotisations - Rappel de cotisations - Paiement - Définition - Portée.

SECURITE SOCIALE - Cotisations - Recouvrement - Action en recouvrement - Conditions - Requalification du travail dissimulé en emploi salarié - Portée

CONTRAT DE TRAVAIL, FORMATION - Définition - Qualification donnée au contrat - Portée

EMPLOI - Travail dissimulé - Sanction - Paiement des cotisations et contributions dues aux organismes chargés d'un régime de protection sociale - Recouvrement - Application dans le temps

LOIS ET REGLEMENTS - Application immédiate - Cas - Loi nouvelle plus douce - Portée

Le paiement de rappel de cotisations, avec majoration de rappel et de pénalités, prévu par l'article L. 120-3 du code du travail, dans sa rédaction issue de la loi du 11 mars 1997, constituait une sanction ayant pour objet de pénaliser le travail dissimulé dès lors qu'il ne s'agissait pas de régulariser la situation du salarié ayant pour la période expirée, déjà cotisé dans un régime indépendant. C'est à bon droit qu'une cour d'appel, saisie d'une contestation portant sur un contrôle réalisé antérieurement à l'entrée en vigueur de la loi du 1er août 2003 ayant modifié l'article L. 120-3 du code du travail, en a déduit que cette loi nouvelle, plus douce, étant immédiatement applicable, le recouvrement des cotisations dues par l'employeur n'était possible que pour la période postérieure à la requalification des emplois.


Références :

Code du travail L120-3

Décision attaquée : Cour d'appel de Besançon, 03 février 2004

Sur la portée du principe de l'application immédiate de la loi nouvelle plus douce à une sanction ayant le caractère d'une punition, à rapprocher : Chambre commerciale, 2000-03-21, Bulletin 2000, IV, n° 67, p. 56 (cassation partielle).


Publications
Proposition de citation : Cass. Civ. 2e, 09 mar. 2006, pourvoi n°04-30220, Bull. civ. 2006 II N° 73 p. 72
Publié au bulletin des arrêts des chambres civiles 2006 II N° 73 p. 72

Composition du Tribunal
Président : Président : M. Dintilhac.
Avocat général : Avocat général : Mme Barrairon.
Rapporteur ?: Rapporteur : M. Laurans.
Avocat(s) : Avocats : Me Luc-Thaler, SCP Piwnica et Molinié.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:2006:04.30220
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