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03/12/1991 | FRANCE | N°89-20533

France | France, Cour de cassation, Chambre commerciale, 03 décembre 1991, 89-20533


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Sur le moyen unique :

Vu l'article 768 du Code général des impôts, ensemble l'article 724 du Code civil ;

Attendu que, pour la liquidation des droits de mutation par décès, les dettes à la charge du défunt sont déduites lorsque leur existence, au jour de l'ouverture de la succession, est dûment justifiée par tout mode de preuve compatible avec la procédure écrite ;

Attendu, selon le jugement déféré, que, de son vivant, M. Pierre de Z... a acquis de Mme X... divers biens immobiliers ; qu'une procédure contentieuse a été engagée à son encontre, a

u cours de laquelle est intervenu un jugement, devenu irrévocable, qui a annulé les ventes ...

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Sur le moyen unique :

Vu l'article 768 du Code général des impôts, ensemble l'article 724 du Code civil ;

Attendu que, pour la liquidation des droits de mutation par décès, les dettes à la charge du défunt sont déduites lorsque leur existence, au jour de l'ouverture de la succession, est dûment justifiée par tout mode de preuve compatible avec la procédure écrite ;

Attendu, selon le jugement déféré, que, de son vivant, M. Pierre de Z... a acquis de Mme X... divers biens immobiliers ; qu'une procédure contentieuse a été engagée à son encontre, au cours de laquelle est intervenu un jugement, devenu irrévocable, qui a annulé les ventes conclues entre les intéressés en 1968 et en 1973, ordonné la restitution du prix de cession et prescrit une expertise pour déterminer l'étendue exacte d'un prêt consenti par Mme X... à M. de Z... au titre d'une SCI Deschanel ; qu'après dépôt du rapport d'expertise évaluant ce prêt à un montant de 600 000 francs, M. Jacques de Y... de Z... (M. de Y...), partie à la procédure comme ayant droit de M. Pierre de Z..., décédé en cours d'instance le 16 novembre 1976, a accepté, pour mettre fin au litige, une transaction dont il résultait que la dette de M. Z... a l'égard de Mme X... était de 1 550 000 francs ; que l'administration des Impôts a refusé que cette somme figure dans le passif successoral à déduire pour la fixation des droits de mutation à titre gratuit dus par M. de Y... au titre de la succession de M. de Z... ; que M. de Y... a saisi le tribunal de grande instance ;

Attendu que, pour rejeter la demande de M. de Y..., le jugement retient que la transaction est inopposable à l'Administration, pour ne pas être assimilable à une décision de justice permettant seule d'établir la réalité d'une dette, et que ce protocole a été signé 8 ans après le décès de M. de Z..., et qu'il s'ensuit que la dette litigieuse n'était pas à la charge du défunt au jour de l'ouverture de la succession et que, dans ces conditions, la preuve de son existence " ne peut être rapportée " ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors que M. de Y..., substitué de plein droit à M. de Z... à compter du jour de son décès comme héritier investi de la saisine sur la succession de celui-ci, avait accepté en cette qualité une transaction mettant fin à la procédure diligentée contre son auteur, moyennant le règlement d'une somme de 1 550 000 francs à exclure de l'hérédité, comme représentant en valeur la dette successorale dont le règlement était poursuivi, le Tribunal a violé les textes susvisés ;

Et attendu qu'en application de l'article 627, alinéa 2 du nouveau Code de procédure civile, la Cour est en mesure, en cassant sans renvoi, de mettre fin au litige en appliquant aux faits constatés la règle de droit appropriée ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, le jugement rendu le 10 juillet 1989, entre les parties, par le tribunal de grande instance de Paris ;

DIT n'y avoir lieu à renvoi ;

DIT que la somme de 1 550 000 francs est déductible de l'actif successoral de M. Pierre de Y... de Z...


Synthèse
Formation : Chambre commerciale
Numéro d'arrêt : 89-20533
Date de la décision : 03/12/1991
Sens de l'arrêt : Cassation sans renvoi
Type d'affaire : Commerciale

Analyses

IMPOTS ET TAXES - Enregistrement - Droits de mutation - Mutation à titre gratuit - Décès - Assiette - Déduction du passif successoral - Dettes existant au jour de l'ouverture de la succession - Preuve - Preuve par tous moyens compatibles avec la procédure écrite

IMPOTS ET TAXES - Enregistrement - Droits de mutation - Mutation à titre gratuit - Décès - Assiette - Déduction du passif successoral - Dettes existant au jour de l'ouverture de la succession - Preuve - Transaction signée par l'héritier

SUCCESSION - Passif - Dette - Preuve - Preuve vis-à-vis de l'administration fiscale - Tous modes compatibles avec la procédure écrite

Pour la liquidation des droits de mutation par décès, les dettes à la charge du défunt sont déduites lorsque leur existence au jour de l'ouverture de la succession est dûment justifiée par tout mode de preuve compatible avec la procédure écrite ; viole en conséquence, les articles 768 du Code général des impôts et 724 du Code civil, le Tribunal qui rejette la demande d'un héritier en déduction de l'actif successoral de la somme résultant d'une transaction signée par lui 8 ans après le décès de son auteur et mettant fin à la procédure diligentée contre cet auteur.


Références :

CGI 768
Code civil 724

Décision attaquée : Tribunal de grande instance de Paris, 10 juillet 1989

A RAPPROCHER : Chambre commerciale, 1986-12-02 , Bulletin 1986, IV, n° 229, p. 199 (rejet) ; Chambre commerciale, 1991-05-06 , Bulletin 1991, IV, n° 154, p. 111 (cassation).


Publications
Proposition de citation : Cass. Com., 03 déc. 1991, pourvoi n°89-20533, Bull. civ. 1991 IV N° 374 p. 258
Publié au bulletin des arrêts des chambres civiles 1991 IV N° 374 p. 258

Composition du Tribunal
Président : Président :M. Bézard
Avocat général : Avocat général :M. Curti
Rapporteur ?: Rapporteur :M. Vigneron
Avocat(s) : Avocats :MM. Choucroy, Goutet.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1991:89.20533
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