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25/06/1991 | FRANCE | N°90-12223

France | France, Cour de cassation, Chambre civile 1, 25 juin 1991, 90-12223


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Attendu que Mme X..., propriétaire des lots n°s 27 et 28 du lotissement Bertin à Couladère (31), a vendu le lot n° 27 aux époux Y... ; que, selon l'article 3 du règlement de lotissement approuvé par arrêté préfectoral du 8 juin 1966, une distance de 4 mètres devait être observée entre les immeubles et la ligne séparative des fonds ; que les époux Y... ayant édifié une construction sur le lot n° 27 sans respecter cette distance, Mme X..., leur voisine, les a assignés en justice ; qu'en cours de procédure est intervenu, le 4 août 1988, un arrêté préfectoral modi

ficatif, qui a décidé que les articles 3 et 4 du règlement de lotissement init...

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Attendu que Mme X..., propriétaire des lots n°s 27 et 28 du lotissement Bertin à Couladère (31), a vendu le lot n° 27 aux époux Y... ; que, selon l'article 3 du règlement de lotissement approuvé par arrêté préfectoral du 8 juin 1966, une distance de 4 mètres devait être observée entre les immeubles et la ligne séparative des fonds ; que les époux Y... ayant édifié une construction sur le lot n° 27 sans respecter cette distance, Mme X..., leur voisine, les a assignés en justice ; qu'en cours de procédure est intervenu, le 4 août 1988, un arrêté préfectoral modificatif, qui a décidé que les articles 3 et 4 du règlement de lotissement initial cessaient d'être applicables ;

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu la loi des 16-24 août 1790 et le décret du 16 Fructidor, an III ;

Attendu que, pour ordonner la démolition de la construction litigieuse, l'arrêt attaqué, après avoir constaté que les articles 3 et 4 du règlement de lotissement avaient été reproduits dans l'acte de vente du lot n° 27, énonce que l'arrêté préfectoral du 4 août 1988 " modifie des dispositions contractuelles de droit privé et porte atteinte au droit de propriété " et qu'en raison d'une telle atteinte, " le juge judiciaire est compétent pour apprécier la légalité de cette décision " ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors, d'une part, que la seule circonstance que les articles 3 et 4 du règlement de lotissement aient été reproduits dans l'acte de vente, n'a pu avoir pour effet de conférer à ce règlement un caractère contractuel, et alors, d'autre part, que l'arrêté préfectoral du 4 août 1988 n'était pas manifestement insusceptible de se rattacher à l'exercice d'un pouvoir de l'Administration, ce qui excluait toute voie de fait et ne mettait donc pas le juge judiciaire en mesure d'apprécier la légalité dudit arrêté, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;

Et sur la troisième branche du même moyen :

Vu l'article 315-3 du Code de l'urbanisme ;

Attendu que, pour déclarer l'arrêté préfectoral du 4 août 1988 " de nul effet entre les parties en litige ", l'arrêt attaqué se borne à énoncer que Mme X... n'a pas été informée du projet de modification du règlement de lotissement ;

Attendu qu'en se déterminant ainsi, alors que l'article 315-3 du Code de l'urbanisme n'exige pas que chacun des colotis ait été avisé de ce projet, mais demande seulement que celui-ci ait été approuvé par une majorité d'entre eux, la juridiction du second degré a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs du pourvoi :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 5 décembre 1989, entre les parties, par la cour d'appel de Toulouse ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Montpellier


Synthèse
Formation : Chambre civile 1
Numéro d'arrêt : 90-12223
Date de la décision : 25/06/1991
Sens de l'arrêt : Cassation
Type d'affaire : Civile

Analyses

1° SEPARATION DES POUVOIRS - Acte administratif - Appréciation de la légalité - de la régularité ou de la validité - Incompétence judiciaire - Lotissement - Règlement de lotissement - Arrêté préfectoral le modifiant - Mention dans un acte de vente - Absence d'influence.

1° SEPARATION DES POUVOIRS - Voie de fait - Définition - Acte manifestement insusceptible de se rattacher à un pouvoir de l'Administration - Lotissement - Règlement de lotissement - Arrêté préfectoral le modifiant - Mention dans un acte de vente (non) 1° LOTISSEMENT - Règlement de lotissement - Règlement approuvé par l'autorité administrative - Insertion de ses dispositions dans un acte de vente - Modification de la nature réglementaire (non) 1° LOTISSEMENT - Règlement de lotissement - Règlement approuvé par l'autorité administrative - Caractère réglementaire.

1° Ne confère pas à un règlement de lotissement un caractère contractuel, la seule circonstance qu'il ait été reproduit dans un acte de vente et l'arrêté préfectoral le modifiant n'est pas manifestement insusceptible de se rattacher à l'exercice d'un pouvoir de l'Administration, ce qui exclut toute voie de fait et ne met pas le juge judiciaire en mesure d'apprécier la légalité de cet arrêté.

2° LOTISSEMENT - Règlement de lotissement - Modification - Conditions - Approbation par une majorité des colotis.

2° LOTISSEMENT - Règlement de lotissement - Modification - Opposabilité - Colotis n'ayant pas été avisés du projet - Absence d'influence.

2° L'article 315-3 du Code de l'urbanisme n'exige pas que chacun des colotis ait été avisé du projet de modification du règlement de lotissement, mais demande seulement que celui-ci ait été approuvé par une majorité d'entre eux.


Références :

Code de l'urbanisme 315-3

Décision attaquée : Cour d'appel de Toulouse, 05 décembre 1989

A RAPPROCHER : (2°). Chambre civile 3, 1984-10-16 , Bulletin 1984, III, n° 169, p. 132 (cassation).


Publications
Proposition de citation : Cass. Civ. 1re, 25 jui. 1991, pourvoi n°90-12223, Bull. civ. 1991 I N° 215 p. 141
Publié au bulletin des arrêts des chambres civiles 1991 I N° 215 p. 141

Composition du Tribunal
Président : Président :M. Massip, conseiller doyen faisant fonction
Avocat général : Avocat général :Mme Flipo
Rapporteur ?: Rapporteur :M. Thierry
Avocat(s) : Avocats :la SCP Waquet, Farge et Hazan, M. Boullez.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1991:90.12223
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