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02/05/2011 | FRANCE | N°10PA04853

France | France, Cour administrative d'appel de Paris, 8ème chambre, 02 mai 2011, 10PA04853


Vu le recours, enregistré le 30 septembre 2010, présenté par le MINISTRE DE L'INTERIEUR, DE L'OUTRE-MER, DES COLLECTIVITES TERRITORIALES ET DE L'IMMIGRATION ; le MINISTRE DE L'INTERIEUR, DE L'OUTRE-MER, DES COLLECTIVITES TERRITORIALES ET DE L'IMMIGRATION demande à la Cour :

1°) d'annuler le jugement n° 1016190/8 du 17 septembre 2010 par lequel le magistrat désigné du Tribunal administratif de Paris a annulé la décision, en date du 10 septembre 2010, par laquelle il avait rejeté la demande d'admission sur le territoire français au titre de l'asile de M. A alias B et lui a enj

oint de mettre fin au maintien de M. A en zone d'attente, de lui ...

Vu le recours, enregistré le 30 septembre 2010, présenté par le MINISTRE DE L'INTERIEUR, DE L'OUTRE-MER, DES COLLECTIVITES TERRITORIALES ET DE L'IMMIGRATION ; le MINISTRE DE L'INTERIEUR, DE L'OUTRE-MER, DES COLLECTIVITES TERRITORIALES ET DE L'IMMIGRATION demande à la Cour :

1°) d'annuler le jugement n° 1016190/8 du 17 septembre 2010 par lequel le magistrat désigné du Tribunal administratif de Paris a annulé la décision, en date du 10 septembre 2010, par laquelle il avait rejeté la demande d'admission sur le territoire français au titre de l'asile de M. A alias B et lui a enjoint de mettre fin au maintien de M. A en zone d'attente, de lui délivrer un visa de régularisation de huit jours, ainsi qu'une autorisation provisoire de séjour, pour lui permettre de déposer sa demande d'asile auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides ;

2°) de rejeter la demande de M. A alias B ;

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Vu les autres pièces du dossier ;

Vu la convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés ;

Vu le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile ;

Vu le code de justice administrative ;

Les parties ayant été régulièrement averties du jour de l'audience ;

Après avoir entendu au cours de l'audience publique du 14 mars 2011 :

- le rapport de Mme Bailly, rapporteur,

- les conclusions de Mme Seulin, rapporteur public,

- et les observations de Me Fergon, représentant du MINISTRE DE L'INTERIEUR, DE L'OUTRE MER, DES COLLECTIVITES TERRITORIALES ET DE L'IMMIGRATION ;

Considérant que M. A alias B est arrivé le 8 septembre 2010 à l'aéroport d'Orly en provenance de Guinée, après une escale à Casablanca ; qu'ayant été maintenu en zone d'attente, il a sollicité l'asile le lendemain ; qu'après avoir été entendu par un représentant de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui a émis un avis le 10 septembre 2010, M. A alias B s'est vu opposer un refus d'admission en France par une décision du même jour du ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire au motif que sa demande d'asile était manifestement infondée ; que le MINISTRE DE L'INTERIEUR, DE L'OUTRE-MER, DES COLLECTIVITES TERRITORIALES ET DE L'IMMIGRATION relève régulièrement appel du jugement du 17 septembre 2010 par lequel le magistrat désigné par le président du Tribunal administratif de Paris a annulé cette décision, lui a enjoint de mettre fin au maintien de M. A alias B en zone d'attente et de lui délivrer un visa de régularisation de huit jours ;

Considérant qu'aux termes de l'article L. 213-9 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : L'étranger qui a fait l'objet d'un refus d'entrée sur le territoire français au titre de l'asile peut, dans les quarante-huit heures suivant la notification de cette décision, en demander l'annulation, par requête motivée, au président du tribunal administratif. (... ) ; qu'aux termes de l'article L. 221-1 du même code : L'étranger qui arrive en France par la voie ferroviaire, maritime ou aérienne et qui, soit n'est pas autorisé à entrer sur le territoire français, soit demande son admission au titre de l'asile, peut être maintenu dans une zone d'attente située dans une gare ferroviaire ouverte au trafic international figurant sur une liste définie par voie réglementaire, dans un port ou à proximité du lieu de débarquement, ou dans un aéroport, pendant le temps strictement nécessaire à son départ et, s'il est demandeur d'asile, à un examen tendant à déterminer si sa demande n'est pas manifestement infondée. (...) ; qu'en application des articles R. 213-2 et R. 213-3 du même code, la décision visée à l'article L. 213-9 précité est prise par le ministre chargé de l'immigration, après consultation de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), qui procède à l'audition de l'étranger ;

Considérant que le droit constitutionnel d'asile, qui a le caractère d'une liberté fondamentale, a pour corollaire le droit de solliciter le statut de réfugié ; que ce droit implique que l'étranger qui sollicite la reconnaissance de la qualité de réfugié soit en principe autorisé à demeurer sur le territoire jusqu'à ce qu'il ait été statué sur sa demande ; que c'est seulement dans le cas où celle-ci est manifestement infondée que le ministre chargé de l'immigration peut, après consultation de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, lui refuser l'accès au territoire ;

Considérant que pour annuler la décision du ministre en date du 10 septembre 2010 refusant l'admission de M. A alias B sur le territoire français au motif que la demande d'asile présentée par celui-ci était manifestement infondée, le magistrat désigné par le président du Tribunal administratif de Paris a considéré que la demande de M. A alias B ne pouvait, eu égard aux termes dans lesquels elle avait été consignée dans le compte-rendu d'entretien et aux explications fournies par celui-ci à la barre, être regardée comme manifestement insusceptible de se rattacher aux critères prévus par la convention de Genève du 28 juillet 1951 sur le statut des réfugiés et qu'elle ne pouvait, de ce fait, être regardée comme manifestement infondée ; que c'est à tort, au regard des dispositions légales et réglementaires précitées, que le premier juge a limité la possibilité pour le ministre chargé de l'immigration de déterminer si une demande est manifestement infondée aux seules demandes reposant sur des motifs manifestement insusceptibles de se rattacher aux critères prévus par la convention de Genève ;

Considérant qu'il appartient à la Cour, saisie de l'ensemble du litige par l'effet dévolutif de l'appel, d'examiner les autres moyens soulevés par M. A alias B devant le Tribunal administratif de Paris ;

Considérant, en premier lieu, qu'il ressort des pièces du dossier, et notamment des déclarations de M. A alias B, telles qu'elles ont été consignées dans le compte-rendu d'entretien avec le représentant de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, que celui-ci a déclaré avoir été arrêté le 28 septembre 2009, après avoir participé à une manifestation antigouvernementale et été incarcéré jusqu'à son évasion de prison le 2 février 2010 ; qu'alors même qu'il aurait dû, de ce fait, être recherché par les autorités de son pays, il soutient s'être rendu à l'hôpital, avoir été hospitalisé jusqu'au 31 juillet 2010 puis avoir obtenu un passeport le 11 août 2010 auprès des autorités guinéennes, avant de s'envoler pour la France, via Casablanca, le 8 septembre 2010 ; que la circonstance que M. A alias B ait obtenu un passeport dans ces conditions sans aucune difficulté alléguée est de nature à ôter toute crédibilité à son récit ; que le ministre chargé de l'immigration a pu dès lors, sans commettre d'erreur de droit ni d'appréciation, compte tenu de ces invraisemblances, considérer que la demande d'asile formulée par M. A alias B était manifestement infondée ;

Considérant, en deuxième lieu, que la procédure n'est pas irrégulière du seul fait que le demandeur a été entendu par téléphone, et non pas de visu, par un représentant de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides ; que si l'entretien n'a duré que 25 minutes, ainsi qu'il ressort du compte-rendu de cet entretien, l'agent de l'Office a néanmoins posé des questions précises à l'intéressé, qui s'est borné à reprendre son récit lorsque des demandes d'éclaircissement lui étaient faites ; que M. A alias B n'est pas fondé à soutenir que sa demande n'aurait pas fait l'objet d'un examen attentif ;

Considérant, en troisième lieu, que la décision du ministre chargé de l'immigration du 10 septembre 2010 vise les textes sur lesquelles elle se fonde et énonce les éléments de fait énoncés par l'intéressé se rapportant à la situation spécifique du demandeur ; que M. A alias B n'est pas fondé à soutenir qu'elle serait entachée d'insuffisance de motivation ;

Considérant enfin que le moyen tiré de la violation de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales n'est, en tout état de cause, pas assorti des précisions suffisantes permettant d'en apprécier le bien-fondé ;

Considérant qu'il résulte de ce qui précède que le MINISTRE DE L'INTERIEUR, DE L'OUTRE-MER, DES COLLECTIVITES TERRITORIALES ET DE L'IMMIGRATION est fondé à soutenir que c'est à tort que, par le jugement attaqué, le Tribunal administratif de Paris a annulé sa décision en date du 10 septembre 2010 refusant l'admission sur le territoire français au titre de l'asile de M. A alias B ;

D E C I D E :

Article 1er : Le jugement du Tribunal administratif de Paris en date du 17 septembre 2010, annulant la décision en date du 10 septembre 2010 refusant l'admission sur le territoire français au titre de l'asile de M. A alias B, est annulé.

Article 2 : La demande de M. A alias B est rejetée.

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N° 10PA04853


Synthèse
Tribunal : Cour administrative d'appel de Paris
Formation : 8ème chambre
Numéro d'arrêt : 10PA04853
Date de la décision : 02/05/2011
Type d'affaire : Administrative
Type de recours : Excès de pouvoir

Analyses

335-005 Étrangers. Entrée en France.


Composition du Tribunal
Président : M. ROTH
Rapporteur ?: Mme Pascale BAILLY
Rapporteur public ?: Mme SEULIN
Avocat(s) : SELAS ARCOLE

Origine de la décision
Date de l'import : 02/07/2015
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant URN:LEX : urn:lex;fr;cour.administrative.appel.paris;arret;2011-05-02;10pa04853 ?
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