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23/11/1994 | FRANCE | N°94-80870

France | France, Cour de cassation, Chambre criminelle, 23 novembre 1994, 94-80870


CASSATION PARTIELLE sur le pourvoi formé par :
- X... Gérard,
contre l'arrêt de la cour d'appel de Rouen, chambre correctionnelle, du 24 janvier 1994, qui, pour exécution de travaux de construction sans déclaration préalable, l'a condamné à 2 000 francs d'amende et a ordonné la démolition des constructions irrégulièrement édifiées.
LA COUR,
Vu le mémoire produit ;
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles L. 160, alinéa 2, paragraphe a, L. 111-1, L. 111-3, L. 480-4, L. 480-5, alinéas 1, 2, L. 480-7, L. 422-2 du Code de l'urbanisme et 5

1, alinéas 1, 2, du Code pénal, défaut de motifs, manque de base légale ;
" en ...

CASSATION PARTIELLE sur le pourvoi formé par :
- X... Gérard,
contre l'arrêt de la cour d'appel de Rouen, chambre correctionnelle, du 24 janvier 1994, qui, pour exécution de travaux de construction sans déclaration préalable, l'a condamné à 2 000 francs d'amende et a ordonné la démolition des constructions irrégulièrement édifiées.
LA COUR,
Vu le mémoire produit ;
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles L. 160, alinéa 2, paragraphe a, L. 111-1, L. 111-3, L. 480-4, L. 480-5, alinéas 1, 2, L. 480-7, L. 422-2 du Code de l'urbanisme et 51, alinéas 1, 2, du Code pénal, défaut de motifs, manque de base légale ;
" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré le prévenu coupable d'infraction au Code de l'urbanisme pour avoir édifié un abri sur un terrain lui appartenant ;
" aux motifs qu'un procès-verbal du 4 septembre 1990 constatait que le terrain occupé par le prévenu était littéralement transformé en décharge sur laquelle tout un tas d'abris étaient bricolés attirant la vermine ; que sommé d'enlever la caravane et les ruches, il ne l'avait pas fait, mais les ruches étaient vides ; que le 22 avril 1991, un second procès-verbal constatait que tout était resté en l'état malgré la mise en demeure et que même un nouvel abri pour des volailles avait été édifié ; que ces constructions avaient été édifiées sans l'autorisation correspondant à leur type ;
" alors, d'une part, que la prévention reprochait au prévenu d'avoir édifié des abris sans déclaration préalable ; qu'en le retenant dans les liens de la prévention après avoir énoncé que les constructions litigieuses avaient été édifiées sans l'autorisation correspondant à leur type, la cour d'appel qui n'a pas caractérisé dans ses éléments constitutifs l'infraction reprochée au prévenu, à savoir l'absence de déclaration préalable, n'a pas légalement justifié la déclaration de culpabilité ;
" alors, d'autre part, qu'en statuant comme elle l'a fait, la cour d'appel a excédé les limites de sa saisine ;
" alors, enfin, que les constructions litigieuses n'étaient subordonnées à la délivrance d'aucune autorisation préalable ; qu'en reprochant au prévenu de n'avoir pas sollicité une telle autorisation, la cour d'appel a prononcé une condamnation illégale " ;
Attendu que, pour déclarer le prévenu coupable d'exécution de travaux de construction sans déclaration préalable, la juridiction du second degré relève qu'il a installé, sur un terrain lui appartenant, plusieurs abris " sans l'autorisation correspondant à leur type " ;
Attendu qu'en l'état de ces motifs la cour d'appel a justifié sa décision sans encourir les griefs allégués dès lors que, selon l'article L. 422-3 du Code de l'urbanisme, la déclaration préalable prévue pour de telles constructions vaut autorisation à défaut d'opposition du maire dans le délai de 1 mois ;
D'où il suit que le moyen doit être écarté ;
Mais sur le moyen relevé d'office et pris de la violation de l'article L. 480-5 du Code de l'urbanisme ;
Vu ledit article ;
Attendu que, selon ce texte, la mise en conformité des lieux ou des ouvrages, la démolition de ces derniers ou la réaffectation du sol, sont des mesures à caractère réel dont le prononcé est laissé à la faculté discrétionnaire des juges ;
Attendu que, pour infirmer la décision des premiers juges qui n'avaient pas ordonné la démolition des ouvrages, la juridiction du second degré énonce que l'article L. 480-5 " n'offre comme alternative que la mise en conformité ou la destruction " et que ces mesures constituent " une peine accessoire obligatoire " ;
Mais attendu qu'en statuant ainsi la cour d'appel a méconnu le sens et la portée du texte susvisé ;
D'où il suit que la cassation est encourue de ce chef ;
Par ces motifs :
CASSE ET ANNULE l'arrêt de la cour d'appel de Rouen, en date du 24 janvier 1994, mais seulement en ce qu'il a ordonné la démolition des ouvrages irrégulièrement édifiés, toutes autres dispositions étant expressément maintenues ;
Et pour qu'il soit à nouveau jugé conformément à la loi, dans les limites de la cassation ainsi prononcée :
RENVOIE la cause et les parties devant la cour d'appel de Rouen autrement composée.


Synthèse
Formation : Chambre criminelle
Numéro d'arrêt : 94-80870
Date de la décision : 23/11/1994
Sens de l'arrêt : Cassation partielle
Type d'affaire : Criminelle

Analyses

1° URBANISME - Déclaration préalable - Construction - Opposition - Opposition du maire - Absence - Portée.

1° La déclaration préalable à laquelle sont soumis les constructions ou travaux exemptés de permis de construire vaut, selon les articles L. 422-3 et L. 480-5 du Code de l'urbanisme, autorisation du maire à défaut d'opposition dans le délai de 1 mois.

2° URBANISME - Permis de construire - Construction sans permis ou non conforme - Démolition - mise en conformité ou réaffectation du sol - Mesures prévues par l'article L - du Code de l'urbanisme - Caractère - Caractère réel.

2° URBANISME - Permis de construire - Construction sans permis ou non conforme - Démolition - mise en conformité ou réaffectation du sol - Mesures prévues par l'article L - du Code de l'urbanisme - Sanctions pénales (non) 2° URBANISME - Permis de construire - Construction sans permis ou non conforme - Démolition - mise en conformité ou réaffectation du sol - Appréciation souveraine.

2° La mise en conformité des ouvrages, leur démolition ou la réaffectation du sol ne constituent pas des sanctions pénales mais des mesures à caractère réel destinées à faire cesser un trouble illicite. L'article L. 480-5 du Code de l'urbanisme n'impose aucune alternative entre la démolition ou la mise en conformité. Le prononcé de ces mesures est laissé à la faculté discrétionnaire des juges(1).


Références :

1° :
2° :
Code de l'urbanisme L422-3
Code de l'urbanisme L480-5

Décision attaquée : Cour d'appel de Rouen (chambre correctionnelle), 24 janvier 1994

CONFER : (2°). (1) Cf. Chambre criminelle, 1984-02-14, Bulletin criminel 1984, n° 60, p. 155 (rejet) ;

Chambre criminelle, 1989-06-08, Bulletin criminel 1989, n° 248, p. 617 (cassation).


Publications
Proposition de citation : Cass. Crim., 23 nov. 1994, pourvoi n°94-80870, Bull. crim. criminel 1994 N° 377 p. 923
Publié au bulletin des arrêts de la chambre criminelle criminel 1994 N° 377 p. 923

Composition du Tribunal
Président : Président : M. Le Gunehec
Avocat général : Avocat général : M. Libouban.
Rapporteur ?: Rapporteur : M. Jean Simon.
Avocat(s) : Avocat : la SCP Delaporte et Briard.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1994:94.80870
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