AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, en son audience publique tenue au Palais de Justice à PARIS, le quinze juin deux mille cinq, a rendu l'arrêt suivant :
Sur le rapport de M. le conseiller ROGNON et les conclusions de Mme l'avocat général COMMARET ;
Statuant sur le pourvoi formé par :
- LE PROCUREUR GENERAL PRES LA COUR D'APPEL DE COLMAR,
contre l'arrêt de ladite cour d'appel, chambre correctionnelle, en date du 18 février 2005, qui, après condamnation de Pierre X... du chef de fraude fiscale, a relevé le condamné des mesures d'affichage de la décision ;
Vu le mémoire produit ;
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 1741 du Code général des impôts, 132-21 du Code pénal, 591 et 593 du Code de procédure pénale ;
Vu l'article 132-21 du Code pénal, ensemble l'article 1741 du Code général des impôts ;
Attendu que la procédure de relèvement immédiat prévue par le premier de ces textes ne s'applique qu'aux peines qu'il énumère limitativement ;
Attendu que, pour relever Pierre X..., gérant de la société Pluriel Concept, condamné pour fraude fiscale, des mesures d'affichage prévues par l'article 1741 du Code général des impôts, l'arrêt confirmatif attaqué énonce, notamment, que les dispositions de l'article 132-21 du Code pénal donnent aux juges répressifs la faculté, dont ils ne doivent aucun compte, de relever immédiatement le prévenu des mesures de publication et d'affichage, de quelque nature qu'elles soient, résultant de la condamnation ;
Mais attendu qu'en prononçant ainsi, alors que l'article 132-21 précité ne s'applique qu'aux interdictions, déchéances ou incapacités, la cour d'appel a méconnu le sens et la portée des textes susvisés et du principe ci-dessus rappelé ;
D'où il suit que la cassation est encourue ; qu'elle aura lieu sans renvoi, la Cour de cassation étant en mesure d'appliquer directement la règle de droit et de mettre fin au litige, ainsi que le permet l'article L. 131-5 du Code de l'organisation judiciaire ;
Par ces motifs,
CASSE et ANNULE l'arrêt susvisé de la cour d'appel de Colmar, en date du 18 février 2005, mais en ses seules dispositions relatives aux mesures d'affichage de la décision de condamnation, toutes autres dispositions étant expressément maintenues ;
DIT que la décision de condamnation sera affichée aux frais du condamné, par extraits, pendant 3 mois, d'une part, sur les panneaux réservés à l'affichage des publications officielles de la commune où la société Pluriel Concept a son siège social, d'autre part, sur la porte extérieure de l'immeuble de l'établissement professionnel de cette société ;
DIT n'y avoir lieu à renvoi ;
ORDONNE l'impression du présent arrêt, sa transcription sur les registres du greffe de la cour d'appel de Colmar et sa mention en marge ou à la suite de l'arrêt partiellement annulé ;
Ainsi jugé et prononcé par la Cour de cassation, chambre criminelle, en son audience publique, les jour, mois et an que dessus ;
Etaient présents aux débats et au délibéré, dans la formation prévue à l'article L.131-6, alinéa 4, du Code de l'organisation judiciaire : M. Cotte président, M. Rognon conseiller rapporteur, M. Pibouleau conseiller de la chambre ;
Greffier de chambre : Mme Krawiec ;
En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le président, le rapporteur et le greffier de chambre ;