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11/01/1995 | FRANCE | N°94-85155

France | France, Cour de cassation, Chambre criminelle, 11 janvier 1995, 94-85155


CASSATION sans renvoi sur le pourvoi formé par :
- X... Rabah,
contre l'arrêt de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Grenoble, en date du 30 septembre 1994, qui, dans l'information suivie contre lui pour vol, obtention indue de documents administratifs, usurpation d'état civil, coups ou violences volontaires, infraction à la législation concernant les étrangers, a confirmé l'ordonnance du juge d'instruction prolongeant la détention.
LA COUR,
Vu le mémoire personnel produit ;
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation de l'article 145-1 du Code

de procédure pénale ;
Vu l'article précité ;
Attendu que, lorsqu'une ...

CASSATION sans renvoi sur le pourvoi formé par :
- X... Rabah,
contre l'arrêt de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Grenoble, en date du 30 septembre 1994, qui, dans l'information suivie contre lui pour vol, obtention indue de documents administratifs, usurpation d'état civil, coups ou violences volontaires, infraction à la législation concernant les étrangers, a confirmé l'ordonnance du juge d'instruction prolongeant la détention.
LA COUR,
Vu le mémoire personnel produit ;
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation de l'article 145-1 du Code de procédure pénale ;
Vu l'article précité ;
Attendu que, lorsqu'une personne mise en examen n'a pas déjà été condamnée pour crime ou délit de droit commun, soit à une peine criminelle, soit à une peine d'emprisonnement sans sursis d'une durée supérieure à 1 an et lorsqu'elle n'encourt pas une peine d'emprisonnement supérieure à 5 ans, la prolongation de la détention ne peut être ordonnée qu'une fois et pour une durée n'excédant pas 2 mois ;
Attendu que mis en examen pour vol d'un extrait de naissance au préjudice d'un tiers, obtention à l'aide de ce document d'un passeport et d'une carte d'identité, prise du nom d'un tiers dans des circonstances qui ont déterminé ou auraient pu déterminer contre celui-ci des poursuites pénales, coups ou violences volontaires ayant entraîné des incapacités totales de travail inférieures et supérieures à 8 jours, séjour irrégulier sur le territoire français, X... a été placé sous mandat de dépôt le 18 mars 1994 ;
Attendu que par ordonnance du 15 juillet 1994, le magistrat instructeur a prolongé la détention provisoire pour une durée de 2 mois à compter du 17 juillet 1994, puis, par ordonnance du 14 septembre 1994, pour une nouvelle durée de 2 mois à compter du 17 septembre 1994 ;
Attendu que pour confirmer cette dernière ordonnance, l'arrêt attaqué énonce que si X... n'encourt pour aucun des délits retenus contre lui une peine d'emprisonnement supérieure à 5 ans, les peines prononcées pour le délit de prise du nom d'un tiers dans des circonstances qui ont déterminé ou auraient pu déterminer contre celui-ci des poursuites pénales, puni aux termes de l'article 434-23 du Code pénal, notamment d'une peine de 5 ans d'emprisonnement, se cumulent, selon cet article, avec celles qui auront été prononcées pour l'infraction à l'occasion de laquelle l'usurpation a été commise ;
Mais attendu qu'en prononçant ainsi, alors que la prolongation de la détention provisoire au-delà d'une durée de 6 mois ne peut être ordonnée qu'au regard des seules peines encourues, la chambre d'accusation a méconnu le sens et la portée du texte susvisé ;
D'où il suit que l'arrêt doit être censuré ;
Par ces motifs :
CASSE ET ANNULE en toutes ses dispositions l'arrêt de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Grenoble, en date du 30 septembre 1994, ayant confirmé l'ordonnance du magistrat instructeur du 14 septembre 1994 ayant prolongé la détention provisoire pour une durée de 2 mois à compter du 17 septembre 1994 ;
ORDONNE que X... sera mis en liberté s'il n'est détenu pour autre cause ;
DIT n'y avoir lieu à renvoi.


Synthèse
Formation : Chambre criminelle
Numéro d'arrêt : 94-85155
Date de la décision : 11/01/1995
Sens de l'arrêt : Cassation sans renvoi
Type d'affaire : Criminelle

Analyses

DETENTION PROVISOIRE - Décision de prolongation - Prolongation excédant la durée de deux mois prescrite par l'article 145-1, alinéa 2, du Code de procédure pénale - Conditions.

INSTRUCTION - Détention provisoire - Décision de prolongation - Prolongation excédant la durée de deux mois prescrite par l'article 145-1, alinéa 2, du Code de procédure pénale - Conditions

PEINES - Non-cumul - Domaine d'application - Question étrangère aux juridictions d'instruction

Aux termes de l'article 145-1 du Code de procédure pénale, lorsqu'une personne mise en examen n'a pas déjà été condamnée pour crime ou délit de droit commun, soit à une peine criminelle, soit à une peine d'emprisonnement sans sursis d'une durée supérieure à 1 an et lorsqu'elle n'encourt pas une peine d'emprisonnement supérieure à 5 ans, la prolongation de la détention ne peut être ordonnée qu'une fois et pour une durée n'excédant pas 2 mois. (1). Il en résulte que la prolongation de la détention provisoire au-delà d'une durée de 6 mois ne peut être ordonnée qu'au regard des seules peines encourues. Doit, dès lors, être censuré l'arrêt de la chambre d'accusation qui, pour confirmer l'ordonnance du magistrat instructeur prolongeant la détention provisoire pour une nouvelle durée de 2 mois, énonce que les peines prononcées pour le délit d'usurpation d'état-civil, puni aux termes de l'article 434-23 du Code pénal notamment d'une peine de 5 ans d'emprisonnement, se cumulent, selon cet article, avec celles qui auront été prononcées pour l'infraction à l'occasion de laquelle l'usurpation a été commise(2).


Références :

Code de procédure pénale 145-1 al. 2
nouveau Code pénal 434-23

Décision attaquée : Cour d'appel de Grenoble (chambre d'accusation), 30 septembre 1994

CONFER : (1°). (1) A rapprocher : Chambre criminelle, 1990-07-18, Bulletin criminel 1990, n° 289, p. 732 (rejet). CONFER : (1°). (2) Cf. Chambre criminelle, 1990-02-27, Bulletin criminel 1990, n° 96, p. 251 (rejet).


Publications
Proposition de citation : Cass. Crim., 11 jan. 1995, pourvoi n°94-85155, Bull. crim. criminel 1995 N° 15 p. 35
Publié au bulletin des arrêts de la chambre criminelle criminel 1995 N° 15 p. 35

Composition du Tribunal
Président : Président : M. Hébrard, conseiller le plus ancien faisant fonction.
Avocat général : Avocat général : M. Perfetti.
Rapporteur ?: Rapporteur : M. Guilloux.

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1995:94.85155
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