La jurisprudence francophone des Cours suprêmes


recherche avancée

12/01/1970 | FRANCE | N°68-11803

France | France, Cour de cassation, Chambre civile 1, 12 janvier 1970, 68-11803


SUR LE PREMIER MOYEN : ATTENDU QU'IL RESULTE DES ENONCIATIONS DE L'ARRET CONFIRMATIF ATTAQUE QUE DAME X... A ETE VICTIME, EN 1964, D'UN ACCIDENT CAUSE PAR Y..., PREPOSE DE LA CAISSE REGIONALE DE CREDIT AGRICOLE MUTUEL, ASSUREE A LA CAISSE REGIONALE DE REASSURANCE MUTUELLE AGRICOLE ;

QU'ELLE SIGNA, LE 31 DECEMBRE 1964, UNE QUITTANCE DE LA SOMME DE 200 FRANCS POUR INDEMNITE DEFINITIVE ET SANS RESERVE ;

QUE, PAR LA SUITE, AYANT SUBI DES CRISES D'EPILEPSIE, ELLE RECLAMA REPARATION A L'AUTEUR DE L'ACCIDENT ;

ATTENDU QU'IL EST FAIT GRIEF AUX JUGES DU FOND D'AVOIR DESIGNE

UN EXPERT, EN OMETTANT DE RECHERCHER SI LA DAME X... N'AVAIT ENVI...

SUR LE PREMIER MOYEN : ATTENDU QU'IL RESULTE DES ENONCIATIONS DE L'ARRET CONFIRMATIF ATTAQUE QUE DAME X... A ETE VICTIME, EN 1964, D'UN ACCIDENT CAUSE PAR Y..., PREPOSE DE LA CAISSE REGIONALE DE CREDIT AGRICOLE MUTUEL, ASSUREE A LA CAISSE REGIONALE DE REASSURANCE MUTUELLE AGRICOLE ;

QU'ELLE SIGNA, LE 31 DECEMBRE 1964, UNE QUITTANCE DE LA SOMME DE 200 FRANCS POUR INDEMNITE DEFINITIVE ET SANS RESERVE ;

QUE, PAR LA SUITE, AYANT SUBI DES CRISES D'EPILEPSIE, ELLE RECLAMA REPARATION A L'AUTEUR DE L'ACCIDENT ;

ATTENDU QU'IL EST FAIT GRIEF AUX JUGES DU FOND D'AVOIR DESIGNE UN EXPERT, EN OMETTANT DE RECHERCHER SI LA DAME X... N'AVAIT ENVISAGE, EN SIGNANT LA TRANSACTION SANS RESERVE , LES CAUSES MEME IMPREVUES DE L'ACCIDENT, S'AGISSANT, DANS LE CAS D'ESPECE, D'UNE TRANSACTION PORTANT EGALEMENT RENONCIATION A EXERCER TOUTES ACTIONS ET POURSUITES ;

MAIS ATTENDU QUE, SI L'ERREUR SUR L'IMPORTANCE DU PREJUDICE NE CONSTITUE PAS UNE ERREUR SUR L'OBJET DE LA TRANSACTION, IL EN EST AUTREMENT DE L'ERREUR SUR L'EXISTENCE DE LA LESION GENERATRICE DU DOMMAGE ;

QUE LES JUGES DU FOND CONSTATENT QUE LE RAPPORT D'EXAMEN MEDICAL DU 29 NOVEMBRE 1964 NE MENTIONNE PAS L'EXISTENCE DE CRISES D'EPILEPSIE, MAIS DECRIT SEULEMENT LES BLESSURES SANS GRAVITE, SUBIES PAR LA DAME X... A LA JAMBE ET AU FRONT ;

ET QU'IL N'EST NULLEMENT ETABLI QU'AVANT LA TRANSACTION ELLE AURAIT ETE ECLAIREE PAR SON MEDECIN TRAITANT OU PAR LE MEDECIN DE LA COMPAGNIE D'ASSURANCES SUR LES POSSIBILITES OU LES PROBABILITES D'UNE RECHUTE PROVOQUEE PAR L'ACCIDENT D'UN ETAT EPILEPTIQUE ANTERIEUR ;

QU'IL APPARTENAIT DONC AUX JUGES DU FOND, AYANT A APPRECIER L'OBJET DE LA TRANSACTION, D'ORDONNER, TOUS DROITS DES PARTIES RESERVES, UNE EXPERTISE AFIN DE RECHERCHER SI LES CRISES DONT SOUFFRE ACTUELLEMENT DAME X... SE RATTACHENT A UN ETAT PATHOLOGIQUE ANTERIEUR ET SI CET ETAT A ETE AGGRAVE, ET DANS QUELLE MESURE, PAR L'ACCIDENT SANS QU'ELLE AIT PU NORMALEMENT LE PREVOIR AU MOMENT OU ELLE A SIGNE LA TRANSACTION ;

QU'AINSI, LE PREMIER MOYEN DOIT ETRE ECARTE ;

ET SUR LE SECOND MOYEN : ATTENDU QU'IL EST ENCORE REPROCHE A L'ARRET ATTAQUE D'AVOIR REFUSE DE LIMITER LA MISSION DE L'EXPERT AU FAIT DE SAVOIR SI, AU JOUR DE LA SIGNATURE DE LA TRANSACTION, LES CRISES D'EPILEPSIE ETAIENT OU NON PREVISIBLES, ALORS QU'IL Y AVAIT SEULEMENT LIEU DE RECHERCHER SI DAME X... AVAIT RENONCE, PAR LA TRANSACTION DU 31 DECEMBRE 1964, A TOUTES LES CONSEQUENCES, MEME IMPREVUES, DE L'ACCIDENT ;

MAIS ATTENDU QUE LES JUGES D'APPEL, AYANT NECESSAIREMENT ESTIME QUE L'IGNORANCE D'UNE DES CONSEQUENCES DE L'ACCIDENT CONSTITUAIT UNE ERREUR SUR L'OBJET DE LA TRANSACTION, ETAIENT FONDES A FAIRE RECHERCHER PAR EXPERTISE SI LA RECHUTE DE L'ETAT PATHOLOGIQUE ANTERIEUR A L'ACCIDENT ETAIT OU NON PREVISIBLE ;

QUE LE MOYEN EST DONC SANS FONDEMENT ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE LE POURVOI FORME CONTRE L'ARRET RENDU, LE 7 FEVRIER 1968, PAR LA COUR D'


Synthèse
Formation : Chambre civile 1
Numéro d'arrêt : 68-11803
Date de la décision : 12/01/1970
Sens de l'arrêt : Rejet
Type d'affaire : Civile

Analyses

1) RESPONSABILITE CIVILE - Dommage - Réparation - Transaction - Aggravation postérieure - Prévisibilité pour la victime - Effet.

TRANSACTION - Nullité - Causes - Erreur - Erreur sur l'objet de la transaction - Victime d'un accident - Erreur sur l'existence de la lésion génératrice du dommage - * CONTRATS ET OBLIGATIONS - Consentement - Erreur - Erreur sur l'existence de la lésion génératrice du dommage - Transaction à la suite d'un accident - * CONTRATS ET OBLIGATIONS - Consentement - Erreur - Erreur sur l'objet - Transaction - * TRANSACTION - Objet - Responsabilité civile - Dommage - Aggravation postérieure - Prévisibilité pour la victime - * RESPONSABILITE CIVILE - Dommage - Réparation - Aggravation de l'état de la victime - Aggravation postérieure à la transaction.

Si l'erreur sur l'importance du préjudice ne constitue pas une erreur sur l'objet de la transaction, il en est autrement de l'erreur sur l'existence de la lésion génératrice du dommage. Statuant sur l'action en réparation formée contre l'auteur d'un accident par la victime de ce dommage, qui après avoir signé une quittance d'une certaine somme "pour indemnité définitive et sans réserve", avait subi des crises d'épilepsie les juges du fond qui constatent que le rapport d'examen médical antérieur à la date de la quittance ne mentionne pas l'existence de ces crises, mais décrit seulement les blessures sans gravité subies par la victime, et qu'il n'est pas établi qu'avant la transaction elle aurait été éclairée par un médecin sur les possibilités ou les probabilités d'une rechute, provoquée par l'accident, d'un état épileptique antérieur, peuvent, ayant à rechercher l'objet de la transaction, ordonner une expertise aux fins de déterminer si les crises dont souffre la demanderesse se rattachent à un état pathologique antérieur, et si cet état a été aggravé par l'accident sans qu'elle ait pu normalement le prévoir au moment où elle a signé la transaction.

2) RESPONSABILITE CIVILE - Dommage - Réparation - Transaction - Aggravation postérieure - Prévisibilité pour la victime - Expertise.

TRANSACTION - Objet - Responsabilité civile - Dommage - Aggravation postérieure - Expertise - * EXPERTISE - Mission - Etendue - Responsabilité civile - Dommage - Aggravation de l'état de la victime - Aggravation postérieure à une transaction - Prévisibilité par la victime.

Et les juges estimant nécessairement que l'ignorance d'une des conséquences de l'accident constituait une erreur sur l'objet de la transaction, sont fondés à faire rechercher par expertise si la rechute de l'état pathologique antérieur à l'accident était ou non prévisible.


Références :

Décision attaquée : Cour d'appel Paris, 07 février 1968


Publications
Proposition de citation : Cass. Civ. 1re, 12 jan. 1970, pourvoi n°68-11803, Bull. civ. des arrêts Cour de Cassation Civ. 1re N. 10 P. 7
Publié au bulletin des arrêts des chambres civiles des arrêts Cour de Cassation Civ. 1re N. 10 P. 7

Composition du Tribunal
Président : M. Ancel
Avocat général : M. Lebègue
Rapporteur ?: M. Barrau
Avocat(s) : Demandeur M. Rousseau

Origine de la décision
Date de l'import : 14/10/2011
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CCASS:1970:68.11803
Association des cours judiciaires suprmes francophones
Organisation internationale de la francophonie
Juricaf est un projet de l'AHJUCAF, l'association des Cours suprêmes judiciaires francophones. Il est soutenu par l'Organisation Internationale de la Francophonie. Juricaf est un projet de l'AHJUCAF, l'association des Cours suprêmes judiciaires francophones. Il est soutenu par l'Organisation Internationale de la Francophonie.
Logo iall 2012 website award