| France, Cour de cassation, Chambre civile 1, 30 juin 1965, 63-10545

SUR LE MOYEN UNIQUE PRIS EN SA PREMIERE BRANCHE :
ATTENDU QU'IL RESULTE DES ENONCIATIONS DE L'ARRET INFIRMATIF ATTAQUE QUE LA SOCIETE IMMOBILIERE NEUILLY SAINT-PIERRE, EST PROPRIETAIRE D'UN IMMEUBLE QU'UN MUR SEPARE D'UN AUTRE IMMEUBLE, QUI SE TROUVE EN COPROPRIETE ET DONT PAUL X... EST LE SYNDIC ;
QU'ELLE AVAIT ACQUIS, PAR UNE CONVENTION DU 9 OCTOBRE 1906, LA MITOYENNETE DU MUR SEPARATIF MAIS SEULEMENT DANS LA LIMITE DE LA SURFACE QU'OCCUPAIT, AVANT SA DEMOLITION, UN MUR PLUS ANCIEN ;
QUE LA CONVENTION PREVOYAIT QU'EN CAS DE CONSTRUCTION, LA SOCIETE N'AURAIT A ACQUERIR QUE L'EXCEDENT DE LA FONDATION ET LA PARTIE D'ELEVATION QUI SERAIT NECESSAIRE ;
QU'EN 1953, CETTE SOCIETE FIT CONSTRUIRE UN IMMEUBLE DE TROIS ETAGES PRENANT APPUI SUR LE MUR SEPARATIF ;
QUE LES SOMMES DUES DE CE FAIT N'AYANT PU ETRE FIXEES A L'AMIABLE, X... ASSIGNA LA SOCIETE EN PAYEMENT D'UNE INDEMNITE DE CESSION DE MITOYENNETE ET DE DOMMAGES-INTERETS ;
ATTENDU QU'IL EST REPROCHE A LA COUR D'APPEL D'AVOIR FIXE L'INDEMNITE DE CESSION EN APPLIQUANT L'ARTICLE 661 DU CODE CIVIL AU LIEU DE L'ARTICLE 660 DU MEME CODE, ALORS QUE, SELON LE POURVOI, L'ARTICLE 661 NE VISERAIT QUE LE CAS D'ACQUISITION DE LA MITOYENNETE D'UN MUR DE SEPARATION PRIVATIF EN TOUTES SES PARTIES, SITUATION QUI NE SE RENCONTRERAIT PAS EN LA CAUSE ;
MAIS ATTENDU QUE LES JUGES DU FOND, APRES AVOIR RAPPORTE LA CLAUSE LITIGIEUSE ;
RELEVENT QU'IL N'ETAIT PLUS QUESTION DU SOL, DEVENU MITOYEN AVEC L'ANCIEN MUR, MAIS QUE LA FIGURE ANNEXEE MONTRE QUE LE NOUVEAU MUR ETAIT, DANS SA PARTIE ENTERREE, PLUS LARGE QUE L'ANCIEN ET QU'IL COMPORTAIT DES FONDATIONS PLUS PROFONDES, QU'IL N'ETAIT DONC LA COPROPRIETE DES PARTIES QUE DANS LA MESURE OU IL N'EXCEDAIT POINT L'EMPLACEMENT DE L'ANCIEN MUR, QU'EN VERTU DES DISPOSITIONS PRECITEES, LA SOCIETE IMMOBILIERE AVAIT DONC L'OBLIGATION, AVANT DE CONSTRUIRE SUR LE MUR, D'ACQUERIR LA MITOYENNETE DE TOUT CE QUI Y ETAIT DEMEURE LA PROPRIETE EXCLUSIVE DU SYNDICAT ;
QUE, DE CES CONSTATATIONS ET APPRECIATIONS SOUVERAINES, ELLE A PU DEDUIRE QUE LA SOCIETE NE POUVAIT ACQUERIR CETTE MITOYENNETE QUE DANS LE CADRE DE L'ARTICLE 661 DU CODE CIVIL ;
QU'EN EFFET CET ARTICLE A UNE PORTEE GENERALE, SOUS RESERVE SEULEMENT DU CAS, PREVU A L'ARTICLE 660, OU LE VOISIN, QUI N'A PAS CONTRIBUE A L'EXHAUSSEMENT D'UN MUR MITOYEN, VEUT ACQUERIR LA MITOYENNETE DE L'EXHAUSSEMENT ;
QUE LE MOYEN N'EST PAS FONDE EN SA PREMIERE BRANCHE ;
SUR LA DEUXIEME BRANCHE DU MEME MOYEN :
ATTENDU QU'IL EST FAIT GRIEF A L'ARRET ATTAQUE D'AVOIR APPLIQUE EN LA CAUSE L'ARTICLE 661 DU CODE CIVIL, DANS LE TEXTE QUE LUI A DONNE LA LOI DU 17 MAI 1960, PROMULGUEE POSTERIEUREMENT AU JUGEMENT DE PREMIERE INSTANCE, ALORS QUE LES CONDITIONS PECUNIAIRES DE L'ACQUISITION DE LA MITOYENNETE DOIVENT ETRE FIXEES A LA DATE DE CETTE ACQUISITION, C'EST-A-DIRE EN LA CAUSE EN FEVRIER 1953, ET QU'EN TOUTE HYPOTHESE, LA SOCIETE BENEFICIAIRE D'UN JUGEMENT DISPOSANT QU'IL Y A LIEU DE RECHERCHER, CONFORMEMENT A L'ARTICLE 660 DU CODE CIVIL, LA VALEUR DE LA MITOYENNETE QUE DOIT ACQUERIR LA SOCIETE NEUILLY SAINT-PIERRE, EN SE PLACANT AU JOUR OU LES TRAVAUX ONT ETE EFFECTUES, ETAIT, SOUS CE RAPPORT, EN POSSESSION D'UN DROIT QUI NE POUVAIT LUI ETRE RETIRE PAR UNE LOI NOUVELLE, PROMULGUEE AU COURS DE L'INSTANCE D'APPEL, A MOINS QUE LE LEGISLATEUR N'AIT MANIFESTE LA VOLONTE DE DEROGER A LA REGLE DE NON RETROACTIVITE DES LOIS ;
MAIS ATTENDU QUE LE DEMANDEUR AU POURVOI NE PEUT FONDER UN DROIT A L'APPLICATION DE L'ARTICLE 660 ANCIEN DU CODE CIVIL SUR UN JUGEMENT QUE LA COUR D'APPEL A INFIRME EN SE PRONONCANT POUR CELLE DE L'ARTICLE 661 DU MEME CODE ;
QUE, DES LORS, LA SECONDE BRANCHE DU MOYEN, MAL FONDEE EN L'UN DE SES RAMEAUX, EST IRRECEVABLE DANS L'AUTRE A DEFAUT D'INTERET, LA LOI DU 17 MAI 1960 N'AYANT APPORTE A L'ARTICLE 661 QUE DES PRECISIONS DE FORME, QUI N'EN MODIFIENT PAS AU FOND LES DISPOSITIONS ;
ET, SUR LA TROISIEME BRANCHE DU MEME MOYEN : ATTENDU QU'AUSSI VAINEMENT LES JUGES DU FOND SE VOIENT REPROCHER D'AVOIR CONDAMNE LA SOCIETE A PAYER A X... DES DOMMAGES-INTERETS, POUR AVOIR COMMIS UNE VERITABLE VOIE DE FAIT, ALORS QUE, SELON LE POURVOI, IL NE SAURAIT Y AVOIR DE VOIE DE FAIT, EN MATIERE DE MITOYENNETE, OU TOUT PROPRIETAIRE JOIGNANT UN MUR A LA FACULTE DE LE RENDRE MITOYEN ;
QU'EN EFFET L'ADOSSEMENT D'UNE CONSTRUCTION SUR UN MUR SEPARATIF N'EN FAIT PAS, A LUI SEUL, ACQUERIR LA MITOYENNETE ET NE CONSTITUE QU'UNE ENTREPRISE DE FAIT ;
QUE, DES LORS, LA COUR D'APPEL A PU CONSIDERER, PAR APPRECIATION DES CIRCONSTANCES DE LA CAUSE, CET ADOSSEMENT COMME UNE FAUTE GENERATRICE DE RESPONSABILITE ;
QUE LA TROISIEME BRANCHE DU MOYEN NE SAURAIT, ELLE NON PLUS, ETRE ACCUEILLIE ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE LE POURVOI FORME CONTRE L'ARRET RENDU LE 5 NOVEMBRE 1962 PAR LA COUR D'APPEL DE PARIS. N° 63 - 10 545 SOCIETE IMMOBILIERE NEUILLY-SAINT-PIERRE C/ X.... PRESIDENT : M AUSSET, CONSEILLER LE PLUS ANCIEN FAISANT FONCTIONS - RAPPORTEUR : M BRETON - AVOCAT GENERAL : M LINDON - AVOCATS : MM MARCILHACY ET LEPANY.