| France, Cour de cassation, Chambre criminelle, 10 juillet 1963, 62-91623

REJET DU POURVOI FORME PAR X... (GEORGES), CONTRE UN ARRET DU 31 MARS 1962 DE LA COUR D'APPEL DE PARIS QUI, POUR INFRACTION A L'ARTICLE 151 DU CODE DE LA SECURITE SOCIALE, L'A CONDAMNE A 54 NF D'AMENDE ET A DES DOMMAGES- INTERETS AU PROFIT DE LA PARTIE CIVILE LA COUR, VU LES MEMOIRES PRODUITS EN DEMANDE ET EN DEFENSE ;

SUR LE

PREMIER MOYEN DE CASSATION :

"ALORS QU'AUCUNE DES DISPOSITIONS DU CODE DE LA SECURITE SOCIALE NE PRONONCE DECHEANCE EN CAS DE DEFAUT DE SAISINE DANS LE DELAI PREVU DES ORGANISMES DE SECURITE SOCIALE ;

"QUE LA PREUVE DE CETTE SAISINE N'ETANT PAS CONTESTEE, LA COUR NE POUVAIT, AU SEUL MOTIF D'UNE SAISINE TARDIVE, REJETER L'EXCEPTION PRESENTEE" ;

ATTENDU QU'IL APPERT DE L'ARRET ATTAQUE QUE X..., MEDECIN, N'A PAS PAYE DANS LE DELAI LEGAL A LA CAISSE DES RETRAITES DES MEDECINS FRANCAIS LA COTISATION DUE PAR LUI POUR FINANCER LE REGIME DES ALLOCATIONS DE VIEILLESSE VISE A L'ARTICLE L 652 DU CODE DE LA SECURITE SOCIALE ;

QU'IL A REFUSE, SANS MOTIF LEGITIME, DE RECEVOIR LA LETTRE RECOMMANDEE LE METTANT EN DEMEURE DE PAYER ;

QUE DANS LA QUINZAINE DE CETTE MISE EN DEMEURE EN DATE DU 8 NOVEMBRE 1960, IL N'A PAS SAISI LA COMMISSION DE RECOURS GRACIEUX DE LA SECURITE SOCIALE ;

QU'IL N'A FORME CE RECOURS QUE LE 25 MAI 1961, PLUS D'UN MOIS APRES L'ASSIGNATION DEVANT LE TRIBUNAL DE POLICE DE PARIS ;

QU'AINSI, C'EST A BON DROIT QUE LA COUR D'APPEL A REJETE L'EXCEPTION DE LITISPENDANCE ADMISE PAR LE PREMIER JUGE, L'ARTICLE 172 DU CODE DE PROCEDURE CIVILE N'ADMETTANT UNE TELLE EXCEPTION QUE S'IL EST PRETENDU QU'IL A ETE FORME PRECEDEMMENT DEVANT UN AUTRE TRIBUNAL UNE DEMANDE AYANT LE MEME OBJET ;

D'OU IL SUIT QUE LE MOYEN DOIT ETRE REJETE ;

SUR LE

SECOND MOYEN DE CASSATION :

"ALORS QUE LA COUR N'A LE DROIT D'EVOQUER QU'EN CAS DE VIOLATION OU OMISSION DE FORME PRESCRITE PAR LA LOI A PEINE DE NULLITE ;

"ET QUE, FAUTE D'APPEL DU MINISTERE PUBLIC, ELLE NE POUVAIT, EN TOUT ETAT DE CAUSE, SE PRONONCER QUE SUR LES INTERETS CIVILS" ;

ATTENDU QUE L'ARRET ATTAQUE, SUR L'APPEL DE LA PARTIE CIVILE, A INFIRME LE JUGEMENT QUI AVAIT PRONONCE LE SURSIS A STATUER, EVOQUE ET CONDAMNE X... ;

ATTENDU QUE CETTE DECISION EST FONDEE ;

QU'EN EFFET LA DISPOSITION DE L'ARTICLE 520 DU CODE DE PROCEDURE PENALE QUI FAIT OBLIGATION A LA COUR D'APPEL D'EVOQUER ET DE STATUER AU FOND LORSQUE LE JUGEMENT EST ANNULE POUR VIOLATION OU OMISSION NON REPAREE DES FORMES PRESCRITES PAR LA LOI A PEINE DE NULLITE, N'EST PAS LIMITATIVE ET S'ETEND AU CAS OU, COMME EN L'ESPECE, LE TRIBUNAL A ORDONNE A TORT QU'IL SERAIT SURSIS A STATUER SUR LE FOND ;

QU'EN OUTRE SI, EN MATIERE D'APPEL DE JUGEMENT DE POLICE, AUX TERMES DE L'ARTICLE 546 DU CODE DE PROCEDURE PENALE, LA FACULTE D'APPEL N'APPARTIENT A LA PARTIE CIVILE QUE POUR SES INTERETS CIVILS, CETTE RESTRICTION N'A D'EFFET QU'A L'EGARD DES DECISIONS PAR LESQUELLES LE PREMIER JUGE A STATUE AU FOND ;

QUE DANS LE CAS OU, COMME DANS L'ESPECE, IL A DECIDE A TORT DE SURSEOIR A STATUER ET A RENVOYE L'AFFAIRE SINE DIE, LA COUR D'APPEL SE TROUVE, EN VERTU DE L'EVOCATION QUI LUI EST IMPOSEE PAR L'ARTICLE 520, TENUE DE REMPLIR DIRECTEMENT LE ROLE DU PREMIER JUGE ET, PAR SUITE, INVESTIE CONTRE LUI, MEME EN L'ABSENCE D'APPEL DU MINISTERE PUBLIC, DU POUVOIR DE STATUER SUR L'ENSEMBLE DE LA POURSUITE ;

D'OU IL SUIT QUE LE MOYEN DOIT ETRE ECARTE ;

ET ATTENDU QUE L'ARRET EST REGULIER EN LA FORME ;

REJETTE LE POURVOI PRESIDENT : M ZAMBEAUX - RAPPORTEUR : M COSTA - AVOCAT GENERAL : M GERMAIN - AVOCATS : MM MARTIN-MARTINIERE ET JOLLY