Notifiée par L.R.A.R.aux parties le :
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
COUR D'APPEL DE PARIS
Pôle 5 - Chambre 7
ORDONNANCE DU 09 SEPTEMBRE 2015
(n°36/2015, 14 pages)
Numéro d'inscription au répertoire général : 14/14134, 14/14141
Décisions déférées :
14/14134 : Appel sur ordonnance rendue le 19 Mai 2014 par le Juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance de PARIS
14/14141 : Appel sur ordonnance rendue le 19 Mai 2014 par le Juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance de PARIS
Nature de la décision : Contradictoire
Nous, Patrick BIROLLEAU, président de chambre à la cour d'appel de PARIS, délégué par le premier président de ladite cour pour exercer les attributions résultant de l'article L16B du Livre des procédures fiscales, modifié par l'article 164 de la loi n°2008-776 du 04 août 2008 ;
assistée de Karine ABELKALON, greffier lors des débats et du prononcé de la décision,
Avons rendu l'ordonnance ci-après :
ENTRE :
SAS TRIMAX
Elisant domicile au Cabinet GENESIS AVOCATS
[Adresse 6]
[Adresse 6]
SAS SOCIETE DE PARTICIPATIONS ET DE PLACEMENT (SPP)
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SAS ERE ENERGIES NOUVELLES
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SARL DU BEAU VOIR
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
Société civile HSC
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DU CM 101
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. MAISONS DU PARC
Activité :
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI BARCELONE
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[Adresse 6]
LD INVEST
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DES ORCHIDEES
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI VENISE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DU VAL
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. DE LA NIEVRE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCML DES BORDS DE SEINE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V CELESTINS
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DU CENTREST
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DUROND POINT
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. DU CAP WEST
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. OCCITAN
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI LA RICHARDAISE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DLT
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI LEXY
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI MILAN
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI FLORENCE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
Société civile COMPAGNIE LORRAINE DE STOCKAGE ( CLS )
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI EURO-WEST
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI PHOENIX
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. FALAISE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. DU TEMPLE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DU MONT BOURDIEU
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. DES DEUX RIVES
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI CHEMIN FORESTIER
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DES COMPLEMENTS
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI L'OREE DE LA VAUPALIERE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. ALBASUD
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SA ESPACE CONSEIL
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SNC TRIEL SEINE AMONT
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SARL SFP COEUR DE VILLE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI 4 RUE SAINT BLAISE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. CRISTAL
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI SOCIETE CIVILE IMMOBILIERE DE HAUTE ECLAIRE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI VAL DE SARTHE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DES COMMERCES DE LA SEIGNEURIE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI DE LA CHAMPIGNONNIERE
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SCI ALENCON OUEST
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SARL FREE INVEST
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
Société civile ECURIE PERCHERONNE
Elisant domicile au Cabinet GENESIS AVOCATS
[Adresse 6]
[Adresse 6]
S.C.C.V. DES CHAMPS SABLON
Elisant domicile au Cabinet GENESIS AVOCATS
[Adresse 6]
[Adresse 6]
SOCIÉTÉ CIVILE IMMOBILIÈRE DE BETHEMONT
Elisant domicile au Cabinet GENESIS AVOCATS
[Adresse 6]
[Adresse 6]
SARL CEL AND CO
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
SARL ESPRIT VERT
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[Adresse 6]
[Adresse 6]
Monsieur [L] [H]
né le [Date naissance 1] 1980 à [Localité 1]
de nationalité française
Elisant domicile au Cabinet GENESIS AVOCATS
[Adresse 6]
[Adresse 6]
Madame [G] [D] épouse [H]
née le [Date naissance 2] 1981 à [Localité 2]
de nationalité française
Elisant domicile au Cabinet GENESIS AVOCATS
[Adresse 6]
[Adresse 6]
Madame [O] [H]
née le [Date naissance 3] 1977 à [Localité 1]
de nationalité française
Elisant domicile au Cabinet GENESIS AVOCATS
[Adresse 6]
[Adresse 6]
Représentées et ayant pour avocat plaidant Me Philippe FEITUSSI de la SELARL GENESIS, avocat au barreau de PARIS, toque : P225
APPELANTES
ET
LA DIRECTION NATIONALE D'ENQUÊTES FISCALES
[Adresse 5]
[Adresse 5]
Représentée par M. [A] [C], Inspecteur divisionnaire, en vertu d'un pouvoir spécial de représentation en date du 12 juin 2015.
INTIMÉE
Après avoir entendu publiquement, à notre audience du 17 juin 2015, le conseil des appelantes et le représentant de l'intimée, les débats ayant été clôturés avec l'indication que l'affaire était mise en délibéré au 09 Septembre 2015 pour mise à disposition de l'ordonnance au greffe de la Cour, les parties en ayant été préalablement avisées dans les conditions prévues au deuxième alinéa de l'article 450 du Code de procédure civile.
***
Par requête en date du 13 mai 2014, la Direction nationale d'enquêtes fiscales (DNEF) a sollicité du juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance de Paris la mise en oeuvre de l'article L 16B à l'encontre de la société de droit luxembourgeois TRIMAX SA, ayant pour pre'sident Monsieur [L] [H], sise [Adresse 3], société holding ayant pour objet social la participation, sous quelque forme que ce soit, dans toutes entreprises commerciales, industrielles, financie'res ou autres, luxembourgeoises ou e'trange'res, et le conseil dans les domaines immobiliers et environnementaux.
Par ordonnance du 19 mai 2014, le juge des libertés et de la détention a autorisé la DNEF à proce'der, conforme'ment aux dispositions de l'article L16 B, aux visites et saisies nécessitées par la recherche de la preuve des agissements pre'sume's dans les lieux de'signe's ci-aprè's ou des documents et des supports d'informations illustrant la fraude pre'sume'e sont susceptibles de se trouver, à savoir :
locaux et de'pendances sis [Adresse 2], susceptibles d'être occupe's par la socie'te' TRIMAX SA et/ou SAS SOCIETE DE PARTICIPATIONS ET DE PLACEMENTS, et/ou SAS ERE ENERGIES NOUVELLES et/ou SARL DU BEAU VOIR et/ou SC HSC et/ou SCI DU CM 101 et/ou SCCV MAISONS DU LAC etlou SCI BARCELONE, et/ou SARL LD INVEST, et/ou SCI DES ORCHIDEES, et/ou SCI VENISE, et/ou SCI DU VAL, et/ou SC DE LA NIEVRE, et/ou SC ML DES BORDS DE SEINE, et/ou SC CELESTINS, et/ou SCI DU CENTREST, et/ou SCI DU ROND POINT et/ou SCCV DU CAP WEST, et/ou SCCV OCCITAN, et/ou SCI LA RICHARDAISE, et/ou SCI DLT, et/ou SCI LEXY, et/ou SCI MILAN, et/ou SCI FLORENCE, et/ou SC COMPAGNIE LORRAINE DE STOCKAGE, et/ou SCI EURO-WEST, et/ou SCI PHOENIX, et/ou SCCV FALAISE, et/ou SCCV DU TEMPLE, et/ou SCI DU MONT BOURDIEU, et/ou SCCV DES DEUX RIVES, et/ou SCI CHEMIN FORESTIER, et/ou SCI DES COMPLEMENTS et/ou SCI L'OREE DE LA VAUPALIERE, et/ou SCCV ALBASUD, et/ou SA ESPACE CONSEIL, et/ou SNC TRIEL SEINE AMONT, et/ou SARL SFP COEUR DE VILLE, et/ou SCI 4 RUE SAINT BLAISE, et/ou SCCV CRISTAL, et/ou SCI HAUTE ECLAIRE, et/ou SCI DU VAL DE SARTHE, et/ou SCI DES COMMERCES DE LA SEIGNEURIE, et/ou SCI DE LA CHAMPIGNONNIERE, et/ou SCI ALENCON OUEST, et/ou SCCV EPICURIEN, et/ou SCI EPICURE et/ou SARL FREE INVEST, et/ou SC ECURIE PERCHERONNE, et/ou SCCV DES CHAMPS SABLON et/ou SCI DE BETHEMONT ;
locaux et de'pendances sis [Adresse 4], susceptibles d'être occupe's par la SARL CEL & CO et/ou la SARL ESPRIT VERT et/ou Monsieur [L] [H] et/ou Madame [D] [G] e'pouse [H] et/ou Madame [H] [O].
En exé'cution de ladite ordonnance, les ope'rations de visite et de saisie ont e'te' re'alise'es au [Adresse 2], le 20 mai 2015. Il a e'te' dresse' par la DNEF un proce's-verbal de visite et de saisie conforme'ment aux dispositions de l'article L16B du livre des proce'dures fiscales.
Le 2 juin 2014, les 51 sociétés visées par l'ordonnance du 19 mai 2014 du juge des libertés et de la de'tention, Monsieur [L] [H], Madame [D] et Madame [O] [H] ont interjete' appel de cette ordonnance. L'instance a été enregistrée au greffe de la Cour d'appel sous le numéro 14/14134.
Les 54 parties appelantes ont régularisé' une seconde déclaration d'appel en date du 3 juin 2015, venant sur et aux fins de la de'claration d'appel en date du 2 juin 2014 rectifiant les erreurs mate'rielles relatives aux mentions le'gales les concernant (RG n° 14/14141).
Par dé'claration en date du 2 juin 2014, enregistré'e le 3 juin 2014 a' la Cour d'appeI de Paris, 49 socié'té's du Groupe Trimax visées par l'ordonnance en date du 19 mai 2015, à l'exception des socie'te's SCI EPICURE et SCCV EPICURIEN, ont formé un recours à l'encontre des ope'rations de visite et de saisie du 20 mai 2014 (RG n° 14/14136).
Une seconde dé'claration d'appel a e'te' re'gularise'e en date du 3 juin 2014, aux noms des mêmes socie'te's, venant sur et aux fins de la de'claration d'appel en date du 2 juin 2014 rectifiant les erreurs mate'rielles relatives aux mentions le'gales des socie'te's appelantes. Cette affaire a e'te' enregistre'e le 4 juin 2014 sous le nume'ro RG 14/14142.
Par courriers recommande's avec avis de re'ception en date du 12 novembre 2014 : 49 des socie'te's appelantes, ainsi que Madame [D] et [O] [H] se sont de'siste'es de leur appel a' l'encontre de l'ordonnance du juge des liberte's et de la détention du 19 mai 2014, seules les socie'te's TRIMAX et SPP, ainsi que Monsieur [L] [H] maintenant leur appel
.
47 des socie'te's appelantes se sont de'siste'es de leur appel à l'encontre des ope'rations de visite et de saisie re'alise'es le 20 mai 2014 en vertu de l'ordonnance du 19 mai 2014, seules les socie'te's TRIMAX et SPP maintenant leur appel.
Les sociétés TRIMAX, TRIMAX DEVELOPPEMENT et Monsieur [L] [H], par leurs conclusions déposées le 18 mars 2015 dans les instances enregistrées au greffe de la Cour sous les numéros 14/14136 et 14/14142, demandent au Premier Pré'sident de la Cour d'appel de Paris de :
Vu l'article 66-5 de la loi n° 71-1130 du 31 de'cembre 1971,
Vu l'article L16 B du livre des proce'dures fiscales,
Vu l'article 367 du code de proce'dure civile,
Vu l'article 8 de la Convention europe'enne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales,
ordonner la jonction entre l'instance enregistre'e sous le nume'ro 14/14134 et celle enregistre'e sous le nume'ro 14/14141,
constater que la présentation des faits par l'administration fiscale est manifestement incomplète et inexacte ;
dire que la requête de l'administration fiscale visant à être autorisée à procéder à une visite domiciliaire et à des saisies est manifestement entachée d'irrégularité ;
constater que le juge des libertés et de la détention n'a pas effectué les vérifications nécessaires à l'appréciation de la demande de la DNEF ;
constater que la DNEF ne démontre pas l'existence de présomptions de fraude à l'encontre de Trimax SA ;
En conse'quence,
annuler l'ordonnance entreprise ;
annuler les saisies pratique'es en vertu de l'ordonnance rendue le 19 mai 2014 par le juge des libertés et de la détention ;
interdire à l'administration fiscale de faire une utilisation des pièces saisies lors de la visite domiciliaire du 20 mai 2014 ;
condamner la DNEF a' payer a' TRIMAX, TRIMAX DEVELOPPEMENT et Monsieur [H] chacun la somme de 5.000,00 euros au titre de l'article 700 du code de procédure civile ;
la condamner aux entiers dépens.
Ils font valoir que la demande d'autorisation de visite ne répond pas aux prescriptions légales en ce que la DNEF a procédé à une présentation erronée de Trimax en faisant état de ce qu'elle aurait été constituée par deux sociétés étrangères situées aux Iles Vierges Britanniques et aux Bahamas, de ce que son siège social ne serait qu'une adresse de domiciliation et de ce qu'elle n'aurait pas respecté ses obligations fiscales, alors que :
l'allégation d'un lien de Trimax avec des Etats à fiscalité avantageuse est tendancieuse, Monsieur [H] ayant racheté les titres de Trimax 14 ans après sa création ;
le siège social de Trimax est un siège effectif doté de locaux, d'une ligne téléphonique et de salariés ;
elle a déclaré les prestations qu'elle a réalisées pour le compte de sa filiale Trimax Développement.
Ils contestent par ailleurs toute présomption de fraude et indiquent que :
le premier juge, qui s'est borné à énumérer les pièces produites par l'Administration sans les analyser, n'a pas caractérisé cette présomption ;
aucune des présomptions soulevées par la DNEF n'est fondée, ni l'absence de domiciliation réelle de Trimax au Luxembourg, ni la présomption d'activité en France qui s'attacherait aux prestations réalisées par Trimax - les prestations immobilières ayant été régulièrement déclarées soit au Luxembourg pour les prestations réalisées par Trimax, soit en France pour celles réalisées par les filiales de Trimax - ni l'utilisation, par Trimax, des moyens des filiales françaises, utilisation qui n'est pas démontrée.
Le Directeur Général des Finances Publiques (Direction nationale d'enquêtes fiscales), par ses conclusions en réponse, demande au Premier Pre'sident de la Cour d'appel de Paris de :
Vu l'article L 16 B du livre des proce'dures fiscales,
de'clarer les appelants non fonde's en leur appel ;
confirmer l'ordonnance rendue le 19 mai 2014 par le juge des liberte's et de la de'tention du tribunal de grande instance de Paris ;
rejeter toutes autres demandes, fins et conclusions ;
condamner les appelants au paiement de la somme de 2.000,00 euros sur le fondement de l'article 700 du code de proce'dure civile et en tous les de'pens.
Il indique que rien n'autorise les appelants à suspecter un défaut de contrôle, par le juge des libertés et de la détention, des pièces produites.
Il fait valoir qu'aucun des moyens opposés par Trimax n'est de nature à remettre en cause les présomptions de fraude retenues par le juge :
ni en ce qui concerne les moyens de Trimax ;
ni sur le respect par Trimax de ses obligations fiscales, dès lors que le juge des libertés et de la détention a exactement caractérisé une présomption d'activité de Trimax sur le territoire national.
MOTIFS
Considérant que les instances enregistrées sous les nume'ros 14/14141 et 14/14134 concernent les mêmes parties et ont le même objet ; qu'il convient d'en ordonner la jonction ;
Considérant qu'il convient de donner acte aux SAS ERE ENERGIES NOUVELLES, SARL DU BEAU VOIR, SC HSC, SCI DU CM 101 et/ou SCCV MAISONS DU LAC, SCI BARCELONE, SARL LD INVEST, SCI DES ORCHIDEES, SCI VENISE, SCI DU VAL, SCCV DE LA NIEVRE, SCI ML DES BORDS DE SEINE, SCI CELESTINS, SCI DU CENTREST, SCI DU ROND POINT, SCCV DU CAP WEST, et/ou SCCV OCCITAN, SCI LA RICHARDAISE, SCI DLT, SCI LEXY, SCI MILAN, SCI FLORENCE, SC COMPAGNIE LORRAINE DE STOCKAGE, SCI EURO-WEST, SCI PHOENIX, SCCV FALAISE, SCCV DU TEMPLE, SCI DU MONT BOURDIEU, SCCV DES DEUX RIVES, SCI CHEMIN FORESTIER, SCI DES COMPLEMENTS, SCI L'OREE DE LA VAUPALIERE, SCCV ALBASUD, SA ESPACE CONSEIL, SNC TRIEL SEINE AMONT, SARL SFP COEUR DE VILLE, SCI 4 RUE SAINT BLAISE, SCCV CRISTAL, SCI HAUTE ECLAIRE, SCI DU VAL DE SARTHE, SCI DES COMMERCES DE LA SEIGNEURIE, SCI DE LA CHAMPIGNONNIERE, SCI ALENCON OUEST, SCCV EPICURIEN, SCI EPICURE, SARL FREE INVEST, SC ECURIE PERCHERONNE, SCCV DES CHAMPS SABLON, SCI DE BETHEMONT, SARL CEL & CO et/ou la SARL ESPRIT VERT, Madame [D] [G] e'pouse [H] et Madame [H] [O] de leur désistement d'appel ;
Considérant qu'aux termes de l'article L 16 B du livre des procédures fiscales, l'autorité judiciaire peut autoriser l'administration à effectuer une visite domiciliaire lorsqu'il existe des présomptions qu'un contribuable se soustrait à l'établissement ou au paiement de l'impôt ou les bénéfices, ou de la TVA, pour rechercher les preuves de ces agissements ;
Sur le contrôle des pièces produites
Considérant que l'article L 16 B II, alinéa 2, dispose que le juge doit vérifier de manière concrète que la demande d'autorisation qui lui est soumise est bien fondée ;
Considérant que le juge des libertés et de la détention retient que 'les pièces présentées à l'appui de la requête (...) peuvent être utilisées pour la motivation de la présente ordonnance' ; qu'il s'en déduit qu'il a procédé à l'examen des pièces produites ; qu'il se déduit du rappel de l'objet des différentes pièces communiquées et de la conclusion que l'activité immobilière du groupe [H] est réalisée en France par l'intermédiaire des sociétés civiles contrôlées par ses filiales, qu'il les a nécessairement analysées ; que le grief d'absence de contrôle des pièces par le juge n'est dès lors pas fondé ;
Sur l'existence de présomptions de fraude
Considérant qu'il appartient au juge des libertés et de la détention, et en appel au Premier président, d'apprécier l'existence des présomptions de fraude invoquées ; que l'article L. 16 B du livre des procédures fiscales exige de simples présomptions ;
Considérant qu'il n'est pas contesté que Trimax est la holding du groupe immobilier [H] ; qu'il est constant qu'au cours des années 2011, 2012 et 2013 et du 1er trimestre 2014, Trimax a réalisé des prestations de service intracommunautaire à destination des sociétés françaises du groupe [H] : la SAS Société de participations et de placements et la SA Ere Energies Nouvelles, pour 680.000,00 euros en 2011, 310.000,00 euros en 2012, 310.000,00 en 2013 et 150.000,00 euros au 1er semestre 2014 ;
Considérant qu'il résulte de la procédure que Trimax ne disposait pas, au Luxembourg, des moyens d'exploitation à la mesure des prestations en cause,
tant en termes de personnel, seul Monsieur [F] [W], recruté le 29 septembre 2011 en qualité d'employé administratif, sur les trois salariés invoqués par Trimax, étant salarié de Trimax à la date de la mise en oeuvre de la procédure de l'article L 16 B ;
que de locaux, le bail en date du 29 décembre 2009 invoqué par Trimax faisant état de la prise à bail, au [Adresse 3], d'un seul bureau dont la surface n'est au demeurant pas précisée (pièce n° 34 communiquée par Trimax) ;
Que c'est en revanche sur le territoire français que Trimax paraît disposer de ses moyens d'action réels, dans la mesure où :
les dirigeants de Trimax ont en France l'essentiel de leurs attaches ; que Monsieur [L] [H], président et actionnaire unique de la SA Trimax, est domicilié à [Localité 3] ; qu'il est également président de la SAS Société de Participations et de Placements et dirigeant de la SARL Du Beau Voir, sociétés ayant leur siège en France ; que Monsieur [V] [X], administrateur de Trimax, et directeur financier de SPP, ayant elle-même son siège social [Adresse 1], est également domicilié en France ;
les filiales de Trimax, ayant leur siège au [Adresse 1] ou au [Adresse 4]', à [Localité 2], seules dotées de moyens en personnels réels, paraissaient disposer des moyens d'exploitation appropriés ;
Considérant que c'est à raison que le premier juge a retenu que l'activité correspondant aux prestations facturées par Trimax semblait avoir été réalisée en France ; que, compte tenu des présomptions d'activité en France de Trimax, il appartenait à cette dernière de procéder aux déclarations fiscales auxquelles elle était astreinte ; que la présomption de manquement aux obligations déclaratives justifie, dans ces conditions, la mise en oeuvre de la procédure de visite et de saisies ; que l'ordonnance entreprise sera en conséquence confirmée ;
Considérant que l'équité commande de condamner in solidum les sociétés TRIMAX , TRIMAX DEVELOPPEMENT et Monsieur [L] [H] au paiement de la somme de 1.500,00 euros en application de l'article 700 du code de procédure civile ;
PAR CES MOTIFS
Nous, Patrick Birolleau, Président de chambre, délégué du Premier Président,
ORDONNONS la jonction entre l'instance enregistre'e au greffe de la Cour d'appel de Paris sous le nume'ro 14/14141 à celle enregistrée sous le nume'ro 14/14134,
DONNONS acte aux SAS ERE ENERGIES NOUVELLES, SARL DU BEAU VOIR, SC HSC, SCI DU CM 101, SCCV MAISONS DU LAC, SCI BARCELONE, SARL LD INVEST, SCI DES ORCHIDEES, SCI VENISE, SCI DU VAL, SCCV DE LA NIEVRE, SCI ML DES BORDS DE SEINE, SCI CELESTINS, SCI DU CENTREST, SCI DU ROND POINT, SCCV DU CAP WEST, SCCV OCCITAN, SCI LA RICHARDAISE, SCI DLT, SCI LEXY, SCI MILAN, SCI FLORENCE, SC COMPAGNIE LORRAINE DE STOCKAGE, SCI EURO-WEST, SCI PHOENIX, SCCV FALAISE, SCCV DU TEMPLE, SCI DU MONT BOURDIEU, SCCV DES DEUX RIVES, SCI CHEMIN FORESTIER, SCI DES COMPLEMENTS, SCI L'OREE DE LA VAUPALIERE, SCCV ALBASUD, SA ESPACE CONSEIL, SNC TRIEL SEINE AMONT, SARL SFP COEUR DE VILLE, SCI 4 RUE SAINT BLAISE, SCCV CRISTAL, SCI HAUTE ECLAIRE, SCI DU VAL DE SARTHE, SCI DES COMMERCES DE LA SEIGNEURIE, SCI DE LA CHAMPIGNONNIERE, SCI ALENCON OUEST, SCCV EPICURIEN, SCI EPICURE, SARL FREE INVEST, SC ECURIE PERCHERONNE, SCCV DES CHAMPS SABLON, SCI DE BETHEMONT, SARL CEL & CO et/ou la SARL ESPRIT VERT, Madame [D] [G] e'pouse [H] et Madame [H] [O] de leur désistement d'appel,
CONFIRMONS l'ordonnance entreprise,
CONDAMNONS in solidum les sociétés TRIMAX , TRIMAX DEVELOPPEMENT et Monsieur [L] [H] à payer au Directeur général des finances publiques (Direction nationale d'enquêtes fiscales) la somme de 1.500,00 euros en application de l'article 700 du code de procédure civile,
CONDAMNONS in solidum les sociétés TRIMAX , TRIMAX DEVELOPPEMENT et Monsieur [L] [H] aux dépens d'appel qui seront recouvrés conformément à l'article 699 du code de procédure civile.
LE GREFFIER
Karine ABELKALON
LE DÉLÉGUÉ DU PREMIER PRESIDENT
Patrick BIROLLEAU