La jurisprudence francophone des Cours suprêmes


recherche avancée

13/01/2023 | FRANCE | N°21/11297

France | France, Cour d'appel d'Aix-en-Provence, Chambre 4-7, 13 janvier 2023, 21/11297


COUR D'APPEL D'AIX-EN-PROVENCE

Chambre 4-7



ARRÊT AU FOND

DU 13 JANVIER 2023



N°2023/10













Rôle N° RG 21/11297 - N° Portalis DBVB-V-B7F-BH345







S.A.S. SOCIETE MERIDIONALE DE TRANSPORTS (SOMETRA)





C/



[E] [H]



























Copie exécutoire délivrée

le : 13 janvier 2023

à :

SCP BBLM

SCP E. SANGUINETTI , J.

FERRARO, A. CLERC ET J. AUGIER







Décision déférée à la Cour :



Jugement du Conseil des Prudhommes de Martigues du 27 juin 2014 enregistré au répertoire général sous le numéro F14//450 après intervention dans la procédure de l'Arrêt de la Cour de Cassation de PARIS en date du 07 Juillet ...

COUR D'APPEL D'AIX-EN-PROVENCE

Chambre 4-7

ARRÊT AU FOND

DU 13 JANVIER 2023

N°2023/10

Rôle N° RG 21/11297 - N° Portalis DBVB-V-B7F-BH345

S.A.S. SOCIETE MERIDIONALE DE TRANSPORTS (SOMETRA)

C/

[E] [H]

Copie exécutoire délivrée

le : 13 janvier 2023

à :

SCP BBLM

SCP E. SANGUINETTI , J. FERRARO, A. CLERC ET J. AUGIER

Décision déférée à la Cour :

Jugement du Conseil des Prudhommes de Martigues du 27 juin 2014 enregistré au répertoire général sous le numéro F14//450 après intervention dans la procédure de l'Arrêt de la Cour de Cassation de PARIS en date du 07 Juillet 2021 enregistré(e) au répertoire général sous le n° 878 F-B ayant cassé l'arrêt de la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence du 13 décembre 2019 enregistré au répertoire général sous le numéro 19//4350.

APPELANTE

S.A.S. SOCIETE MERIDIONALE DE TRANSPORTS (SOMETRA) ACTIVITÉ (CODE NAF): prise en la personne de son représentant légal domicilié en cette qualité au siège social sis [Adresse 1]

représentée par Me Martine PANOSSIAN de la SCP BBLM, avocat au barreau de MARSEILLE

INTIME

Monsieur [E] [H], demeurant [Adresse 2]

représenté par Me Jérôme FERRARO de la SCP E. SANGUINETTI , J. FERRARO, A. CLERC ET J. AUGIER, avocat au barreau de MARSEILLE

*-*-*-*-*

COMPOSITION DE LA COUR

En application des dispositions des articles 804 et 805 du code de procédure civile, l'affaire a été débattue le 04 Novembre 2022 en audience publique, les avocats ne s'y étant pas opposés, devant Madame Françoise BEL, Président de chambre, et Mme Marina ALBERTI, Conseiller, chargés du rapport.

Madame Françoise BEL, Président de chambre, a fait un rapport oral à l'audience, avant les plaidoiries.

Ces magistrats ont rendu compte des plaidoiries dans le délibéré de la cour, composée de :

Madame Françoise BEL, Président de chambre

Mme Marina ALBERTI, Conseiller

Mme Stéphanie Bouzige, Conseiller

Greffier lors des débats : Mme Agnès BAYLE.

Les parties ont été avisées que le prononcé de la décision aurait lieu par mise à disposition au greffe le 13 Janvier 2023..

ARRÊT

Contradictoire,

Prononcé par mise à disposition au greffe le 13 Janvier 2023.

Signé par Madame Françoise BEL, Président de chambre et Mme Agnès BAYLE, greffier auquel la minute de la décision a été remise par le magistrat signataire.

Faits, procédure, prétentions et moyens des parties:

M. [E] [H] a été engagé par la société Méridionale de Transports « Sometra » à compter du 15 septembre 1999 en qualité de « chauffeur PL », classification conventionnelle Groupe 6, coefficient 138 M de la convention collective des transports routiers.

Il a été licencié pour faute grave par lettre recommandée avec demande d'avis de réception du 10 novembre 2008.

Contestant le décompte de son temps de travail, le salarié ainsi que d'autres salariés, a saisi la juridiction prud'homale le 16 décembre 2008.

Par jugement de départage rendu le 27 juin 2014, le conseil a condamné l'employeur à payer au salarié divers montants, à titre de rappel de salaire pour heures supplémentaires et incidence congés payés, et en dommages et intérêts pour défaut de prise des repos compensateurs et licenciement dépourvu de cause réelle et sérieuse.

Par arrêt en date du 13 décembre 2019, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a constaté la péremption d'instance à compter du 5 juillet 2018, et condamné l'employeur aux dépens et à payer une somme au salarié au titre de ses frais irrépétibles.

Par arrêt en date du 7 juillet 2021, la Cour de cassation, sur pourvoi inscrit par la société à l'encontre de huit arrêts rendus par cette cour, a cassé et annulé en toutes leurs dispositions les arrêts rendus le 13 décembre 2019 et remis les affaires et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ces arrêts et les a renvoyés devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence autrement composée.

La société a saisi la cour de renvoi par déclaration de saisine en date du 26/07/2021.

Dans ses dernières conclusions déposées et notifiées le 15 octobre 2021 la société demande à la cour infirmant le jugement, de débouter le salarié de l'ensemble de ses demandes, de confirmer le jugement en ses dispositions non-contestées, de condamner le salarié aux dépens et à lui payer la somme de 2000 euros sur le fondement de l'article 700 du code de procédure civile.

Dans ses dernières conclusions déposées et notifiées le 12 octobre 2022, le salarié demande à la cour de confirmer le jugement du chef des condamnations prononcées, de condamner la société à lui payer la somme de 3000 euros en application des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile en cause d'appel, et d'assortir les condamnations prononcées des intérêts de droit à compter de la demande en justice, avec capitalisation.

Pour l'exposé complet des moyens et prétentions des parties la cour renvoie à leurs écritures précitées.

Motifs

La demande porte sur la période courant à compter du mois d'octobre 2003.

Sur les heures supplémentaires et le repos compensateur obligatoire:

- la période antérieure au décret n°2007-13 du 4 janvier 2007:

Le décret n° 2005-306 du 31 mars 2005 modifiant le décret en Conseil d'Etat du 25 avril 2002 et autorisant, d'une part, le calcul de la durée du travail des conducteurs sur une période de trois mois, pouvant être portée à quatre mois par convention ou accord collectif, et aménageant, d'autre part, des droits à repos compensateur, a fait l'objet d'une annulation partielle par le Conseil d'Etat dans sa décision du 18 octobre 2006.

Selon l'employeur, les dispositions annulées, venant modifier le décret n°80-40 du 26 janvier 1983, ayant été reprises dans leur quasi totalité par un décret n°2007-13 du 4 janvier 2007, les dispositions initiales doivent recevoir application. Il en déduit que la durée hebdomadaire de travail peut être calculée sur une période supérieure à la semaine sans dépasser trois mois après avis du Comité d'entreprise ou à défaut des délégués du personnel. Il précise que les bulletins de salaire font état d'une comptabilisation du temps de travail basé chaque mois sur 152 heures, avec décompte des heures supplémentaires au delà de cette base.

Selon le salarié, le décret du 31 mars 2005, partiellement annulé, n'est pas applicable pour toute la période courant du mois d'avril 2002, jusqu'à l'entrée en vigueur du décret n°2007-13 du 4 janvier 2007. Il en déduit qu'il convient de faire application de la jurisprudence de la Cour de cassation, laquelle a considéré que l'annulation prononcée avait pour conséquence de revenir aux dispositions des décrets antérieurement applicables, soit le décret n°2002-622 et n°2002-625 du 25 avril 2002.

Il résulte de l'annulation partielle par le Conseil d'Etat le 18 octobre 2006 du décret n° 2005-306 du 31 mars 2005 , que seules sont applicables, pour la période allant de la date d'entrée en vigueur de ce texte à celle d'entrée en vigueur du décret n° 2007-13 du 4 janvier 2007, les dispositions du décret n° 83-40 du 26 janvier 1983 dans sa rédaction issue du décret n° 2002-622 du 25 avril 2002, irrégulièrement abrogées par les articles 4 à 11 de l'acte annulé. Les dispositions sur la durée du travail dans le domaine des transports routiers et les modalités de calcul des droits au repos compensateurs relèvent de ces dispositions.

En application de l'article 4 du décret n° 83-40 du 26 janvier 1983 dans sa rédaction issue du décret n° 2002-622 du 25 avril 2002, applicable au litige, la durée hebdomadaire du travail est calculée sur une semaine.

Le rapport d'expertise partiel, dont la société fait état au soutien de ses prétentions, opérant le décompte de la durée du travail et des heures supplémentaires mensuellement, doit être écarté.

- la période à compter du décret n°2007-13 du 4 janvier 2007:

Selon l'article 4 La durée hebdomadaire du travail est calculée sur une semaine.(...)

En l'absence d'accord conclu dans le cadre des dispositions de l'article L. 212-8 du code du travail, la durée hebdomadaire du travail des personnels roulants peut être calculée sur une durée supérieure à la semaine, sans pouvoir dépasser trois mois, après avis du comité d'entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel s'ils existent.

La société ne justifiant pas d'un avis du comité d'entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel, le décompte de la durée hebdomadaire du travail est calculée sur une semaine.

Le salarié effectuant un calcul à la semaine conformément aux dispositions applicables, alors que la société se borne à un calcul mensuel de la durée de travail ainsi qu'il résulte des bulletins de salaire, et justifiant d'éléments de faits suffisamment précis permettant à l'employeur de se défendre,

c'est exactement que le premier juge a accueilli la demande du salarié portant sur les heures supplémentaires, et l'incidence congés payés qui en résulte.

S'agissant de la demande indemnitaire au titre du repos compensateur obligatoire, la convention collective fixant le contingent d'heures supplémentaires à 195 heures, le salarié est fondé à solliciter le bénéfice du repos compensateur obligatoire, fixé à 100% dans les entreprises de plus de 20 salariés, l'employeur relevant de cette catégorie d'entreprise. Le jugement est également confirmé de ce chef de demande.

Sur le licenciement pour faute grave:

La faute grave résulte d'un fait ou d'un ensemble de faits imputables au salarié qui constitue une violation des obligations résultant du contrat de travail ou des relations de travail d'une importance telle qu'elle rend impossible le maintien du salarié dans l'entreprise.

La lettre de licenciement fixant les termes du litige mentionne deux comportements imputés fautifs au salarié revêtant le caractère d'une faute grave:

- des insultes proférées à l'encontre du dirigeant de la société, M. [J],

- le refus de se soumettre aux instructions du supérieur hiérarchique.

La matérialité des propos grossiers et insultants proférés par le salarié au cours de l'entretien téléphonique litigieux le 24 octobre 2008, cette date n'étant pas contestée, est établie par l'attestation de M. [M], responsable d'exploitation, auprès duquel ils ont été tenus. Elle résulte également du courrier du 27 octobre 2008 émanant du salarié, selon lequel ses mots ont pu dépasser sa pensée.

Ce comportement doit être qualifié de fautif, sans pour autant constituer une faute grave rendant impossible la poursuite du contrat de travail dès lors que le salarié a été autorisé à ramener le véhicule le lundi suivant à la fin de sa journée de travail, ce dont il se déduit la poursuite implicite de ce contrat.

La matérialité du refus de ramener le véhicule poids lourds de la société au dépôt au terme de la journée de travail n'est pas contestée, le salarié critiquant en réalité le bien fondé de l'instruction mettant fin à une tolérance. La mesure prise relevant du pouvoir de direction de l'employeur dans le cadre de la gestion de son entreprise l'autorise à prendre des décisions auxquelles les salariés doivent se soumettre.

Le salarié s'étant vu accorder le 24 octobre en l'absence de moyen de locomotion lui permettant de regagner son domicile une dernière autorisation d'utilisation du véhicule , il lui appartenait, dès le lundi suivant, soit le 27 octobre de respecter l'instruction donnée.

La révocation de la tolérance ayant été suivie d'une permission d'utiliser le véhicule le même jour,

il sera jugé que le salarié a bénéficié d'un délai de prévenance et qu'il lui appartenait de se soumettre au pouvoir de direction de l'employeur dès la reprise du travail le 27 octobre. Ne respectant pas les mesures d'instruction le 27 octobre et les jours suivants, le salarié a commis une faute grave rendant impossible son maintien dans l'entreprise et la poursuite du contrat de travail.

Le jugement est infirmé en ce qu'il a déclaré le licenciement prononcé dépourvu de cause réelle et sérieuse et le salarié est débouté des demandes formées de ce chef.

Le salarié est débouté en conséquence de son appel incident.

Le jugement est confirmé pour le surplus.

Par ces motifs

La cour,

Confirme le jugement entrepris sauf en ce qu'il a déclaré le licenciement prononcé dépourvu de cause réelle et sérieuse et a fixé le point de départ des intérêts sur les condamnations prononcées en matière de salaire à compter du jugement;

Statuant à nouveau de ces chefs, et ajoutant,

Déboute M. [H] des demandes formées au titre du licenciement;

Déboute M. [H] de son appel incident;

Dit que les condamnations prononcées en matière de salaire seront assorties des intérêts au taux légal à compter de la réception de la convocation devant le bureau de conciliation;

Déboute les parties de plus amples conclusions;

Condamne M. [H] aux dépens d'appel et le condamne à payer à la société Méridionale de Transports « Sometra » la somme de 1000 euros sur le fondement de l'article 700 du code de procédure civile.

LE GREFFIER LE PRESIDENT


Synthèse
Tribunal : Cour d'appel d'Aix-en-Provence
Formation : Chambre 4-7
Numéro d'arrêt : 21/11297
Date de la décision : 13/01/2023

Origine de la décision
Date de l'import : 27/03/2024
Identifiant URN:LEX : urn:lex;fr;cour.appel;arret;2023-01-13;21.11297 ?
Association des cours judiciaires suprmes francophones
Organisation internationale de la francophonie
Juricaf est un projet de l'AHJUCAF, l'association des Cours suprêmes judiciaires francophones. Il est soutenu par l'Organisation Internationale de la Francophonie. Juricaf est un projet de l'AHJUCAF, l'association des Cours suprêmes judiciaires francophones. Il est soutenu par l'Organisation Internationale de la Francophonie.
Logo iall 2012 website award