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06/03/1989 | FRANCE | N°02555

France | France, Tribunal des conflits, 06 mars 1989, 02555


Vu, enregistrée au secrétariat du Tribunal des Conflits le 29 août 1988, une expédition du jugement du tribunal administratif de Marseille en date du 10 avril 1986 par lequel ledit tribunal a renvoyé au Tribunal des Conflits - en raison du risque de conflit négatif résultant de ce que, par un arrêt du 19 février 1986, la Cour de Cassation a décliné la compétence des tribunaux judiciaires pour statuer sur la demande de M. X... tendant à la réparation du préjudice causé à son fils par la faute de service commise par les surveillants du collège de Mallemort le 15 juin 1979, le l

itige relatif à cette réparation et fondé sur la même cause jurid...

Vu, enregistrée au secrétariat du Tribunal des Conflits le 29 août 1988, une expédition du jugement du tribunal administratif de Marseille en date du 10 avril 1986 par lequel ledit tribunal a renvoyé au Tribunal des Conflits - en raison du risque de conflit négatif résultant de ce que, par un arrêt du 19 février 1986, la Cour de Cassation a décliné la compétence des tribunaux judiciaires pour statuer sur la demande de M. X... tendant à la réparation du préjudice causé à son fils par la faute de service commise par les surveillants du collège de Mallemort le 15 juin 1979, le litige relatif à cette réparation et fondé sur la même cause juridique ;

Vu la loi du 5 avril 1937 ; Vu la loi des 16-24 août 1790 et le décret du 16 fructidor an III ; Vu le décret du 26 octobre 1849 modifié et complété par le décret du 25 juillet 1960 ; Vu la loi du 24 mai 1872 ;

Considérant que le mineur X... (Yann) ayant été victime, dans la cour du C.E.S. de Mallemort, de jeux pratiqués par ses camarades, son père a demandé aux juridictions judiciaires que l'Etat soit condamné à réparer les dommages subis par son fils, en invoquant, notamment, la tolérance fautive ou le défaut de surveillance du personnel d'encadrement du collège ; que, par son arrêt du 10 mai 1984, devenu irrévocable, la Cour d'appel d'Aix-en-Provence a infirmé le jugement du tribunal de grande instance de Tarascon qui avait condamné l'Etat à réparer les dommages susanalysés ; que la Cour s'est fondée, notamment, sur ce que préjudice allégué trouvait sa cause dans une carence de l'établissement d'enseignement dont la responsabilité n'entrait pas dans les prévisions des paragraphes 6 et 8 de l'article 1384 du code civil et de la loi du 5 avril 1937 ;

Considérant que si la loi du 5 avril 1937, qui déroge, en cette matière spéciale, aux principes généraux qui gouvernent la séparation des autorités administratives et judiciaires, a attribué à l'autorité judiciaire la connaissance de l'ensemble des cas où le dommage invoqué a sa cause dans une faute de l'instituteur quel que soit, juridiquement, le caractère de cette faute, les règles normales de compétence retrouvent leur empire dans le cas où le préjudice subi doit être regardé comme indépendant du fait de l'agent, qu'il ait son origine soit dans un dommage afférent à un travail public, soit dans un défaut d'organisation du service public de l'enseignement ;

Considérant que le litige soulevé par M. X... met en cause une mauvaise organisation ou un fonctionnement défectueux du service public de l'enseignement ; qu'il ressortit, dès lors, à la seule juridiction administrative ;
Article 1er - Il est déclaré que la juridiction administrative est compétente pour connaître du litige opposant M. X... à l'Etat et relatif aux dommages subis par le mineur X... (Yann) dans la cour du C.E.S. de Mallemort et fondé sur la mauvaise organisation ou le fonctionnement défectueux de ce service public.
Article 2 : La cause et les parties sont renvoyées devant le tribunal administratif de Marseille.
Article 3 : La présente décision sera notifiée au Garde des Sceaux, ministre de la justice, qui est chargé d'en assurer l'exécution.


Synthèse
Numéro d'arrêt : 02555
Date de la décision : 06/03/1989
Sens de l'arrêt : Déclaration de compétence administrative
Type d'affaire : Administrative
Type de recours : Conflit sur renvoi juridictionnel

Analyses

COMPETENCE - REPARTITION DES COMPETENCES ENTRE LES DEUX ORDRES DE JURIDICTION - COMPETENCE DETERMINEE PAR DES TEXTES SPECIAUX - ATTRIBUTIONS LEGALES DE COMPETENCE AU PROFIT DES JURIDICTIONS JUDICIAIRES - COMPETENCE DES JURIDICTIONS JUDICIAIRES EN MATIERE DE RESPONSABILITE DES PERSONNES PUBLIQUES - ELEVES DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC - Application de la loi du 5 avril 1937 - Absence - Dommage indépendant du fait de l'enseignant.

17-03-01-02-01-03, 30-01-05, 60-02-015 Si la loi du 5 avril 1937, qui déroge aux principes généraux qui gouvernent la séparation des autorités administratives et judiciaires, a attribué à l'autorité judiciaire la connaissance de l'ensemble des cas où le dommage causé à un élève trouve son origine dans une faute de l'instituteur quel que soit, juridiquement, le caractère de cette faute, les règles normales de compétence retrouvent leur empire dans le cas où le préjudice subi doit être regardé comme indépendant du fait de l'agent, qu'il ait son origine soit dans un dommage afférent à un travail public, soit dans un défaut d'organisation du service public de l'enseignement. Le mineur Y. ayant été victime, dans la cour du C.E.S. de Mallemort, de jeux pratiqués par ses camarades, son père a demandé aux juridictions judiciaires que l'Etat soit condamné à réparer les dommages subis par son fils, en invoquant, notamment, la tolérance fautive ou le défaut de surveillance du personnel d'encadrement du collège. Le litige ainsi soulevé par M. Y. met en cause une mauvaise organisation ou un fonctionnement défectueux du service public de l'enseignement. Il ressortit, dès lors, à la seule juridiction administrative.

ENSEIGNEMENT - QUESTIONS GENERALES - RESPONSABILITE A RAISON DES ACCIDENTS SURVENUS DANS LES ETABLISSEMENTS D'ENSEIGNEMENT - Compétence de la juridiction administrative - Dommage causé aux élèves indépendant du fait de l'enseignant.

RESPONSABILITE DE LA PUISSANCE PUBLIQUE - RESPONSABILITE EN RAISON DES DIFFERENTES ACTIVITES DES SERVICES PUBLICS - SERVICE PUBLIC DE L'ENSEIGNEMENT - Compétence juridictionnelle - Compétence de la juridiction administrative - Mise en cause d'un défaut dans l'organisation ou le fonctionnement du service.


Références :

Code civil 1384 par. 6 et 8
Loi du 05 avril 1937


Composition du Tribunal
Président : M. Michaud
Rapporteur ?: Mme Bauchet
Rapporteur public ?: M. Charbonnier

Origine de la décision
Date de l'import : 02/07/2015
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:TC:1989:02555
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